Dans ce nouvel opus de « L’iconopop », dans la digne lignée de Brûler brûler brûler de Lisette Lombé, la vivacité de la langue saisit dès les premières pages. Une grande variété de tonalités et de formes (cri, récit, poème, incantation, conte) se déploie pour dire une infinité de sentiments : effroi, colère, reconnaissance, pardon. Une langue à l’image du propos, riche de ramifications, de vocables en fon, lmahi, yoruba. La poétesse et performeuse hurle la violence que renvoient les vocables éculés et défraîchis qui saturent l’environnement des personnes dites métis. Elle chante aussi la richesse de son arbre généalogique où souverains, esclaves, maîtres, colons et colonisés résident et cohabitent. Aussi traductrice, elle éclaire l'œuvre de notes de fin d’ouvrage qui ouvrent de nombreuses perspectives de lecture. C’est un véritable manifeste pour une dialectique poétique du métissage, une ode à la créolité, à la tolérance et à l’attention au langage.