Littérature française

Constance Debré

Offenses

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Chronique de Arnaud Bresson

Librairie Sauramps Comédie (Montpellier)

La vaste question du bien et du mal à travers l’évocation d’un sombre fait divers par Constance Debré qui, une fois n’est pas coutume dans son œuvre littéraire, n’écrit pas à la première personne.

Est-il encore besoin de présenter Constance Debré ? En trois ouvrages où elle met en scène son double fictionnel, elle est devenue une auteure remarquée. Nièce de Jean-Louis et Bernard Debré, avocate, mariée, mère également, elle plaque tout pour vivre sa vie, libre, sans attaches, sans contraintes. Après avoir évoqué ce bouleversement de vie et sa relation aux femmes dans Play Boy (Stock et 10/18), puis ses questionnements et doutes sur la maternité dans Love me tender, la question de l’héritage familial dans Nom (Flammarion et Jai lu), Constance Debré, dans un des romans attendus de cette rentrée littéraire d’hiver, s’attaque à l’évocation du bien et du mal mais n’emploie pas le « Je » utilisé dans ses œuvres précédentes. Elle se met ici dans la peau d’un jeune de banlieue, selon l’expression consacrée, meurtrier de sa vieille voisine à coups de couteaux, celle à qui il rendait de menus services et qu’il assassine pour une histoire de vol. Le monde est un équilibre, nous dit l’auteure, avec son style rêche, direct, percutant. Pour nous permettre (puisque ce sont ses lecteurs qu’elle interpelle) de vivre notre petite vie rangée, tranquille, le Bien nécessite des actions laides, mauvaises, le Mal, exécutées par les gens d’en bas, ceux qui n’auront jamais l’opportunité de basculer du « bon » côté : « il faut bien une violence ou bien plus rien n’a de sens ». À travers le parcours glauque mais somme toute banal de ce jeune homme, « personnage insignifiant » d’après le psychiatre qui l’examine après son crime, tout juste sorti de l’adolescence, perdu dans une société qui ne veut pas de lui et plombé par son environnement – une famille où la drogue est omniprésente ; un quartier où la débrouille et les délits sont les seules portes de sortie –, ce sont les travers de notre société que Constance Debré nous plaque à la face. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces propos remuent et bousculent !

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