Une trajectoire exemplaire

Il s’est fait un nom sous pseudo, Nestor Maigret, adoubé par Nicolas Mathieu et repéré par l’édition française. Chaque jour, il publie sur Instagram des chroniques troussées où il raconte une vie, la sienne, romancée. On s’enthousiasme, on se marre entre les marges. Alors on l’espérait et il l’a commis : un roman, un premier, l’histoire de N., un minable, un loser alcoolique et solitaire ; un gars comme on en croise des milliers au PMU du coin, à postillonner contre l’injustice. Ce serait banal si ça ne vrillait pas, si Zinet ne convoquait pas le génie de Simenon, la verve de Blier et d’Audiard, la noirceur poétique de Bukowski et que le récit d’une histoire d’amour mélancolique ne se transformait pas en histoire de la violence ordinaire. Ce qui frappe le plus, c’est le ton, les punchlines, la qualité des chutes, le cynisme et la gouaille hérités du roman noir, cette puissance littéraire qui mitraille le texte de trouvailles et de mélancolie.