Cyrille Falisse

Librairie Papiers collés, Draguignan

Journaliste de formation, touche-à-tout et furieux amoureux de la culture, Cyrille Falisse est aujourd’hui libraire à Papiers collés à Draguignan. À Paris, il a créé et dirigé le site collaboratif de cinéma Le Passeur Critique et l’a coanimé pendant dix ans. Il se voit comme un passeur et défend une littérature engagée, qui bouscule autant qu’elle libère.

Rencontre avec Cyrille Falisse de la librairie Lo Païs à Draguignan.

Comment et pourquoi êtes-vous devenu libraire ?


Cyrille Falisse Un peu par hasard. J’ai quitté Paris pour m’installer dans le sud. En regardant les offres d’emploi, rien ne me convenait vraiment. J’avais étudié le droit et le journalisme mais n’avais jamais travaillé dans ces domaines. Plus jeune j’avais pensé tenir une librairie alors j’ai postulé dans la grande librairie de Draguignan. J’ai laissé un CV, on m’a répondu qu’ils ne cherchaient personne. Je suis revenu à la charge trois semaines plus tard. Et là la patronne m’a annoncé qu’une des libraires s’était foulée la cheville la veille et m’a demandé si je m’y connaissais en BD et en livres jeunesse. J’ai montré la BD de mon ami Romain Renard qui venait de sortir et que je venais justement acheter, avant de lui rappeler que j’avais travaillé plusieurs années à L’École des Loisirs. J’ai démarré le lendemain. Ça fait 5 ans.

Parlez-nous un peu de votre librairie et de votre équipe.


C. F. Nous sommes six à conseiller les clients dans cette très belle librairie généraliste du Var. Elle est spacieuse, aérée. Chaque libraire s’occupe d’un ou plusieurs rayons. Je suis en charge de la littérature et des essais, Véronique s’occupe de la jeunesse et des polars, Alexandra de la bande dessinée et du scolaire, Léa de l’art, la religion et l’ésotérisme, Babeth aide à la gestion et au secrétariat. La propriétaire, Colette Petat, supervise le tout. Notre clientèle est composée essentiellement d’habitués avec lesquels nous tissons des liens.

Racontez-nous une anecdote amusante avec un client. 


C. F. Ce n’est pas vraiment une anecdote mais plutôt une habitude que j’ai prise depuis que je suis arrivé chez Lo Païs. À force de voir des clients, on connaît leurs goûts, on apprend à les connaître par le biais de ce qu’ils lisent. Comme j’étais nouveau dans la région, je me suis permis, très vite, de les accoster, ceux qui m’avaient attiré par leurs lectures ou leur allant, pour leur proposer d’aller boire des verres, de faire connaissance. Tant et si bien que mon réseau d’amis dans le Var est constitué de clients de la librairie.

Quel est le premier livre de votre bibliothèque que vous avez rouvert ?


C. F. J’ai eu envie de lire des classiques, ceux que je n’ai jamais le temps d’ouvrir durant l’année coincé entre l’actualité et les rentrées littéraires. J’ai sorti des rayonnages trois livres que j’ai lus en parallèle pendant le confinement. L’Odyssée d’Homère, À la recherche du temps perdu de Proust et La Horde du Contrevent de Damasio.

Quel serait le conseil que vous aimeriez donner à nos lecteurs pour ces périodes de confinement ?


C. F. Continuer de lire, de venir en librairie, prenez les précautions nécessaires, masquez-vous, portez des gants, respectez les distances mais n’oubliez pas que les librairies sont des refuges et que sans vous elles sont des mausolées qui prennent la poussière. Rien n’est plus triste qu’une librairie vide. 

Ses coups de coeur