Littérature française

Inès Bayard

Steglitz

photo libraire

Chronique de Muriel Balay

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Line pourrait être la petite sœur de Marie du Malheur du bas, premier texte de l'autrice (Albin Michel et Le Livre de Poche). Une sœur désincarnée aux contours flous. Si le premier roman matérialisait le corps, la chair malmenée, il est ici inconsistance, éther. Line vit avec son mari à Steglitz, un quartier de Berlin qu’elle affectionne lors de longues déambulations solitaires. C'est une femme terne, transparente qui tire sa tranquillité d’une routine bien réglée. Elle n'a pas d'envie. Son rapport à l'autre est dénaturé. Un personnage sans volonté qui a l'air d'être là où on la pose. Une petite marionnette brisée. La prouesse d’Inès Bayard est d'abandonner le lecteur à son interprétation. La lecture est inconfortable. Qui est Line ? Où est la frontière entre réel et folie ? Tout est glace, mélancolie et les personnages froids errent comme des fantômes. Lecteurs vous ne sortirez pas indemnes de cette rencontre, avec peut-être un sentiment diffus d'être passé à côté de quelque chose.

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