Jeunesse Dès 14 ans

J.M. Erre

Nous, les surhumains

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Chronique de Céline Bouju

Bibliothèque/Médiathèque La Chapelle-Saint-Aubin (La Chapelle-Saint-Aubin)

Pour son premier roman à destination des ados, J. M. Erre fait un pari risqué : planter son décor dans l’univers surexploité des super-héros. Mais l’auteur, avec son humour et son scénario bien ficelé, propose un texte original qui nous tient en haleine du début à la fin, relevant ainsi son défi haut la main.

Dès les premiers chapitres, le ton est donné : J. M. Erre a décidé de jouer. Avec son personnage mais aussi avec son lecteur. Ainsi, le roman s’ouvre en même temps que les yeux de Al qui est en bien mauvaise posture. Enfermée dans une pièce avec un cadavre inconnu à ses pieds, Al ignore ce qu’elle fait là et surtout, elle ne sait pas qui elle est ! Tout ce dont elle est sûre, c’est qu’elle est en fauteuil roulant, qu’elle a les cheveux verts et qu’elle doit quitter les lieux. Arrivent alors un jeune homme (plutôt séduisant, même si ce n’est pas le moment d’avoir ce genre de considérations) et une fille (plutôt agaçante) avec qui elle s’échappe. Tous deux vont lui faire des révélations. Al apprend ainsi l’existence des surhumains, dotés de pouvoirs, mais aussi celle du Centre (là où Al s’est réveillée) qui tente de les « normaliser ». Elle-même, surhumaine, en a fait les frais, ce qui explique sa perte de mémoire. Pour Al, qui tente de reconstituer son puzzle personnel, c’est un nouveau choc à encaisser. Elle est en danger et va devoir trouver des alliés sûrs. Mais comment faire les bons choix quand tout est autant embrouillé ? Al va devoir improviser et faire confiance à son instinct sans trop se laisser distraire par ses sentiments. Grâce au récit à la première personne, on vit l’aventure au plus près de cette héroïne atypique et drôle malgré elle. Fragile de son ignorance et forte des pouvoirs qui sommeillent en elle, Al s’impose au fil des pages, aidée et pourchassée par une galerie de personnages extraordinaires, pas seulement du fait de leurs dons. L’humour est omniprésent autant que le suspense que J. M. Erre insuffle avec de nombreux retournements de situation et une narration très rythmée. Ce roman est d’une efficacité redoutable qui fait quitter Al et les surhumains à regret.

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