Jeunesse

Thibault Vermot

Colorado Train

illustration

Chronique de Céline Bouju

Bibliothèque/Médiathèque La Chapelle-Saint-Aubin (La Chapelle-Saint-Aubin)

C’est un premier roman déroutant que nous livre Thibault Vermot. Tout en explorant nos peurs les plus sombres, Colorado Train nous remet sur les rails d’une certaine nostalgie de l’enfance et de ses jeux, ici un brin dangereux.

1949, Durango, petite ville américaine. Là-bas, les légendes, comme celle du Wendigo, continuent d’effrayer les plus jeunes, mais pas que. Il y a aussi cette sale affaire, une jeune fille retrouvée éventrée, dont le meurtre n’a jamais vraiment été résolu. Le père de la jeune Suzy ne s’en est jamais remis. Et Suzy, elle en bave avec son père. Heureusement qu’il y a son groupe de copains pour lui changer les idées : Michael, dont elle est un peu amoureuse, et Calvin son petit frère, Durham et Georges, les deux bricoleurs et Don, le bon copain un peu voyeur. Une bande d’amis composée de gamins malmenés par la vie mais qui n’ont pas froid aux yeux (ou presque), qui cherchent l’aventure et parfois la castagne mais qui surtout restent soudés quoi qu’il arrive. Tous ont leurs propres démons. Puis un jour, Moe, la terreur de l’école, disparaît. Si le groupe commence par inventer des histoires tout à fait farfelues pour expliquer l’étrange absence de leur ennemi juré, ils finissent par découvrir l’horrible vérité : Moe n’a sûrement pas disparu de son plein gré. Et la mystérieuse créature dont on suit les délires au fur et à mesure de la lecture n’y est sûrement pas étrangère. Qui est-elle ? Humaine ou animale ? Ce qui est certain, c’est qu’elle guette, tapie dans l’ombre, les enfants et qu’elle glace le lecteur. Colorado Train est un roman qui ne cherche pas à ménager son public. Dur, amer, impitoyable et même sauvage. On sourit face au récit des aventures de la petite bande, même si l’on sait, au vu des événements terribles qu’ils vont devoir affronter, qu’ils ne seront plus vraiment des enfants pour longtemps. À mi-chemin entre du Stephen King et du Steven Spielberg, on prend une bonne claque. Montez à bord du Colorado Train mais un conseil : restez sur vos gardes quoi qu’il arrive.

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