Jeunesse

Charlotte Erlih

20 pieds sous terre

✒ Céline Bouju

(Bibliothèque/Médiathèque La Chapelle-Saint-Aubin, La Chapelle-Saint-Aubin)

Après Basha Posh (2013), premier roman remarquable et remarqué, Charlotte Erlih réussit de nouveau à nous surprendre grâce à un thriller qui met en lumière un monde méconnu, celui des graffitis et de ceux qui se risquent à les réaliser dans les souterrains du métro.

Pour Manon, tout commence comme un mauvais rêve : un réveil brutal au beau milieu de la nuit, un trajet en voiture, la police, la morgue… Et puis, la terrible réalité. Son frère Théo est mort. Il taguait seul dans le métro parisien et s’est électrocuté en chutant accidentellement sur le troisième rail. Sauf que Manon ne veut pas… ne peut pas y croire ! Alors que ses parents sombrent dans une torpeur bien compréhensible, elle ne se laisse pas abattre et décide de mener l’enquête, la version officielle l’ayant laissée dubitative. Dès le début de ses investigations, Manon réalise que son frère avait de nombreux secrets, notamment sa passion pour le graffiti. Et puis il y a ce garçon qui, depuis l’enterrement, semble la suivre, et qui finit par l’aborder. Il s’appelle Jérémie et était proche de Théo. Tous deux graffaient régulièrement ensemble. Mais pas uniquement… Ils entretenaient une relation amoureuse. C’est un nouveau choc pour Manon, qui ignorait tout de l’homosexualité de son frère. Ébranlée, elle prend conscience du poids de ce secret et de la souffrance de son frère, contraint de jouer un rôle en permanence lorsqu’il se trouvait avec ses proches. Cela ne fait que renforcer la détermination de la jeune fille. Pour avoir des informations concrètes, elle infiltre un groupe de graffeurs avec qui Théo et Jérémie s’étaient violemment disputés et dont fait partie le troublant Amok, qui l’inquiète autant qu’il l’attire. Manon va braver des interdits, consciente des risques qu’elle prend, mais surtout bien décidée à prouver ce qu’elle ressent au plus profond d’elle-même : Théo a été assassiné. 20 pieds sous terre est un roman fort. Charlotte Erlih sait, dès les premières pages, nous entraîner dans l’histoire qu’elle a imaginée. Autant que Manon, le lecteur se sent investi par cette enquête passionnante.

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