Littérature française

Claudine Galea

Le Corps plein d’un rêve

photo libraire

Chronique de Christine Lemoine

Librairie Violette and co (Paris)

C’est d’abord une rencontre avec une voix, celle de Patti Smith. Une fille maigre de 16 ans qui, face aux vagues, entend son premier disque, et cette voix « lui entre dans le corps ».

Et elle l’oublie. Trente ans plus tard, on commande à Claudine Galea une fiction radiophonique sur une chanteuse de rock. Venu des profondeurs, le nom de Patti, Patti Smith, surgit sans préméditation. Puis le roman s’imposera pour aller plus loin dans un dialogue avec celle qui a entrouvert une porte à l’adolescente mutique et boulimique de livres : il est possible d’être une femme libre, de ne pas avoir peur. Ceci n’est donc pas une biographie, même si l’on suit des bribes de la vie de l’artiste – et de celle de la narratrice – à travers des allées et retours entre passé et présent. La trame du roman, c’est l’écriture, comment mots, voix et corps sont liés, comme Patti sur scène : « respiration et accélération, rugissement et caresse ». C. Galea mêle le « elle » au « je », l’anglais au français, elle affectionne la succession incantatoire de verbes, de substantifs pour faire ressentir la puissance des sensations. Elle dit comment on peut dévorer la vie sans se détruire, comment on peut être multiple, comment on peut abandonner ses cauchemars pour le rêve.

illustration