Littérature française

Olivier Liron

Einstein, le sexe et moi

illustration
photo libraire

Chronique de Anaïs Ballin

Librairie Les mots et les choses (Boulogne-Billancourt)

Après un premier roman remarqué, Danse d’atomes d’or, lui aussi publié par les éditions Alma, Olivier Liron nous revient avec un roman entre auto-biographie et confession, un roman lumineux, drôle et intelligent.

Le titre de ce deuxième roman, Einstein, le sexe et moi, vous dit tout et ne vous dit rien. Pourtant, il s’agira de tout cela et d’autres choses aussi. Difficile de réduire ce roman à ces thématiques, tant elles sont diverses, complexes et complémentaires. Mais tentons. Voici comment l’auteur lui-même nous introduit à la lecture de ce texte : « Je suis autiste Asperger. Ce n’est pas une maladie, je vous rassure. C’est une différence. Je vais vous raconter une histoire. Cette histoire est la mienne. J’ai joué au jeu télévisé Questions pour un champion et cela a été très important pour moi. » La messe est dite. Enfin presque. En 2012 donc, Olivier Liron a 25 ans et s’apprête à participer à \"Question pour un champion\". Nous raconter cette histoire va devenir pour l’auteur le fil conducteur d’un récit autobiographique et assumé comme tel, qui nous dit aussi ce que peut vouloir dire être différent. Comment vivre avec des difficultés de compréhension des codes sociaux et comportementaux qui semblent évidents à tous et toutes, mais ne le sont pourtant pas tant. Loin d’envisager le syndrome d’Asperger comme une tare, Olivier Liron en fait quelque chose d’autre, quelque chose qui lui ressemble. Le récit est teinté d’un humour et d’une autodérision sans faille, d’une douceur et d’une profondeur dont le propos ne se défait jamais. Qu’il s’agisse de raconter les affres de la compétition avec Jean-Claude et les autres sur le plateau de \"Question pour un champion\", les blagues de Julien Lepers ou la vie, l’amour et les relations humaines, tout est écrit avec un je-ne-sais-quoi qui vous attrape pour ne plus vous laisser ensuite. On rit, on sourit, c’est lumineux, solaire, drôlissime et touchant. Mais pas que. C’est aussi une réflexion profonde sur l’être au monde, sur la différence et l’acceptation ou pas de la différence, au sens large. Olivier Liron nous enchante par sa conception surannée de l’amour, par une langue enlevée et rythmée et un sens aigu du monde et de lui-même. Ils sont rares, ces romans que l’on lit avec le sourire aux lèvres et les éclats de rire à portée de zygomatiques, tout en y trouvant une réflexion nécessaire et salutaire. Ne boudez pas votre plaisir : foncez !