Essais

Mélanie Gourarier

Alpha mâle

photo libraire

Chronique de Anaïs Ballin

Librairie Les mots et les choses (Boulogne-Billancourt)

Objet de cette étude : les communautés de séduction. Leur principe ? Ré-apprendre à séduire, réaffirmer sa masculinité et lutter contre le prétendu règne du féminin.

Dans Séducteurs de rue que Mélanie Gourarier signait avec Léon Maret dans la collection « Sociorama » de Casterman, l’anthropologue ouvrait déjà une porte vers cet étrange monde qu’est celui des communautés de séduction. Avec Alpha Mâle, tout juste paru au Seuil, c’est une véritable immersion qu’elle nous propose. Mais de quoi parle-t-on ? D’un phénomène de société, développé dans les années 1990 par Ross Jeffries et censé répondre à une dévalorisation du masculin, une perte de l’identité virile se traduisant par l’incapacité des hommes à séduire – entre autres. Entre 2007 et 2010, Mélanie Gourarier mène donc une enquête approfondie au sein de la version française de ces communautés. Ses coachs, ses membres, ses forums, sa rhétorique, son vocabulaire (« hot babes », « players », « boot camp »), ses applications « sur le terrain » : c’est une analyse de fond passionnante que réalise l’anthropologue. Loin de se réduire à une critique pure et simple, l’étude tente plutôt de décaler le regard porté sur une opposition masculinisme/féminisme à la fois éculée et réductrice, mettant ainsi en lumière combien ces phénomènes sociaux sont la preuve d’un indéniable renforcement de l’ordre du genre.

illustration