Littérature française
Cédric Gras
Alpinistes de Mao
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Cédric Gras
Alpinistes de Mao
Stock
22/03/2023
300 pages, 20,90 €
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Chronique de
Christelle Chandanson
Librairie Elkar (Bayonne) -
❤ Lu et conseillé par
3 libraire(s)
- Isabelle Aurousseau-Couriol de de Paris (Saint-Étienne)
- Valérie Barbe de Au brouillon de culture (Caen)
- Delphine Olivier-Auzie de Le Pain de 4 livres (Yerres)
✒ Christelle Chandanson
(Librairie Elkar, Bayonne)
De tout temps, des exploits sportifs ont pu donner lieu à des récupérations politiques. Alpinistes de Mao montre que l’ascension du mont Everest par la Chine est assez atypique car construite de toutes pièces.
Le mont Everest est le rêve de tout alpiniste. En 1953, l’Anglais Sir Hillary atteint le premier le sommet du mont Everest par la face sud, népalaise. Le Tibet étant depuis peu sous souveraineté chinoise, Mao voit en l’arête nord, encore vierge, une occasion de montrer la puissance de sa patrie. Sauf que le régime communiste ne laisse pas la place au loisir bourgeois qu’est l’alpinisme. Ils créent alors une équipe de toutes pièces, composée de membres du Parti : ils sont d’origine prolétaire et reconnus pour leurs performances sportives mais n’ont aucune expérience de l’altitude. Pour leur première expédition en 1960, ils ne lésinent pas : plus de 200 personnes seront mobilisées alors que le peuple meurt de faim. Formés par les Russes, les membres s’acclimatent par une discipline militaire rythmée par les chants patriotiques. Tout comme pour Alpinistes de Staline, Cédric Gras fouille les documents officiels, lit entre les lignes des textes de propagande, compare avec les réactions de l’Occident et cherche les quelques témoignages sincères et non manipulés. N’oubliant jamais l’Histoire, le récit mêle avec brio aventure et alpinisme sous tension. Cédric Gras suit quelques individus : leur ascension, les doutes qui ont entouré leurs aventures puis leur disgrâce. Par la suite, lors de l’expédition de 1975, une cordée d’assaut mènera une femme tibétaine au sommet et prendra des photos comme gage de leur réussite. S’ensuit une ouverture de la Chine et de ses voies, malgré tout, les alpinistes maoïstes resteront muets sur leurs exploits himalayens. L’ancien compagnon de route de Sylvain Tesson fait partie de ces excellents écrivains d’aventure qui savent manier autant la narration que le suspense. Il nous offre ici un texte riche et passionnant qui fait renaître des destins méconnus.