Littérature française

Kim Thuy

Vi

Chronique de Murielle Gobert

Librairie Passerelles (Vienne)

Il existe un pays où les filles sont connues pour leur teint pâle et leurs joues roses. C’est là que Xuân lie pour toujours son destin au fils de la famille Lê Van An, prince d’un royaume agricole que l’histoire va peu à peu se charger de déchoir. Vi est leur unique fille. Son prénom signifie précieuse, minuscule, elle qui ne cessera de se rendre la plus discrète possible. Car être vu peut signifier le pire pour les nantis en 1975, lorsque les communistes s’emparent du Sud Vietnam. La suite n’est qu’une longue fuite. Fuite de son père en lui-même, laissant sa famille courir vers l’inconnu. Fuite des femmes autour de Vi dans des unions sordides, où les coups et la soumission sont le prix à payer pour les libérations de frères, maris ou enfants, ou pour un simple ravitaillement. Fuite enfin de Vi avec sa mère et ses frères vers un camp en Malaisie, puis vers le Canada. Vi pourrait être le simple récit de l’exil des Boat People fuyant le régime communiste. Mais ce roman est bien plus que cela, grâce à l’écriture de Kim Thúy, singulière et délicate, comme l’âme vietnamienne.

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