Jeunesse

Simon Martin , Bertrand Dubois

Ma grand-mère chante le Blues

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photo libraire

Chronique de Aurélia Magalhaes

Bibliothèque/Médiathèque Jean Cocteau (Massy)

« Je suis incapable d’inventer une histoire à partir de rien. [...] les histoires nous précèdent »

PAGE : Dans cet album, fiction et documentaire se côtoient. On s’intéresse aux personnages et l’on a envie de comprendre cette période. Quelle était votre intention ?

Simon Martin : Je suis incapable d’inventer une histoire à partir de rien. Je pense que les histoires nous précèdent. Il y a quand même eu une petite étincelle. Un jour, je suis tombé sur un album de Berverly « Guitar » Watkins, une guitariste née en 1940 aujourd’hui grand-mère. Le titre est venu en premier, Ma grand-mère chante le blues, le reste a suivi. Je n’oublie pas ma propre grand-mère, l’un des êtres que j’aime le plus.

 

P. : Y a t-il eu un travail particulier pour l’écriture ?

S. M. : J’écoute du blues depuis que j’ai 16 ans. J’ai appris à connaître le genre, ainsi que ses interprètes. Je n’ai donc pas eu besoin de faire des recherches. Je pense qu’il est difficile de décrire une musique, le blues en particulier, tant son histoire est complexe. J’ai simplement voulu dire que le blues était une musique liée à l’amour et à la mort, aux gens simples, à ceux qui sont rejetés ; mais que c’est aussi une musique qui a pu être militante à une certaine époque – voir le bluesman J. B. Lenoir.

 

P. : Pourquoi avoir choisi ces thématiques ?

S. M. : J’ai souvent imaginé la tête d’un Français, après la guerre, écoutant du blues ou du jazz pour la première fois. Une musique totalement nouvelle dans ses mélodies et son rythme, et dont l’émotion est palpable d’emblée, ce qui en fait une musique universelle.

 

P. : L’aspect documentaire conduit de l’histoire singulière vers l’Histoire avec un grand h. Pensez-vous que la fiction permette aux enfants de s’inscrire dans le futur en tant qu’héritiers d’un certain passé ?

S. M. : Si le blues est le thème central de cette histoire, il ne faut pas oublier la grand-mère. Le rapport entre un petit enfant et ses grands-parents est un lien qui permet de traverser l’histoire. Je suis heureux que mes enfants puissent aujourd’hui connaître leur arrière-grand-mère : quel bond dans l’Histoire… et les histoires !

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