Littérature française

Olivier Bleys

Le Maître de café

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photo libraire

Chronique de Aurélia Magalhaes

Bibliothèque/Médiathèque Jean Cocteau (Massy)

En suivant l’odyssée de la famille Pietrangeli et de leur flamboyant patriarche, découvrez que le café, loin d’être une boisson banale, est un art de vivre, une passion envoûtante à laquelle le maître a voué sa vie.

Juillet 1954. Pour la première fois depuis des années, Massimo Pietrangeli n’a pas servi au président le café dont il a le secret. Et pour cause : en chemin, le maître de café a été victime d’une crise cardiaque. Alors que ses enfants le croyaient invincible, on craint qu’il ne succombe à cette attaque. Son fils aîné et la femme de ce dernier réunissent autour de Massimo la famille Pietrangeli au grand complet, et c’est un café qui va ramener le patriarche à la vie. Dès lors s’engage une course-poursuite contre la mort qui rôde. Il décide d’entreprendre un voyage qui a tout d’un pèlerinage vers le Costa Rica, terre des meilleurs arabicas. Mais il ne sera pas seul dans sa quête, car toute sa famille le suit et avec eux la Storta, sa machine à café, outil indispensable pour distiller les meilleures boissons pendant la durée du périple. Il faut s’imaginer la caravane qui accepte de suivre le vieil homme dans ce projet un peu fou. Les voitures sont aménagées pour le confort des passagers. La luxueuse berline du gendre aux dents longues devient la chambre de Massimo, l’endroit d’où il livrera aux siens son histoire. Lui qui paraissait aux yeux de ses enfants un être inflexible et distant, se révèle, au cours du voyage, le père qu’il n’a jamais été. Chacun reçoit de lui, outre la capacité de transmettre l’art du café, la certitude qu’il a été aimé et que celui qui a partagé leur vie pendant toutes ces années était avant tout un homme passionné et amoureux, un homme qui descend enfin de son piédestal pour communier avec eux. Lire ce roman est une aventure à part entière : si l’on est d’abord entraîné dans cette saga familiale par un style enlevé capable de susciter la soif du lecteur et sa curiosité, on se prend aussi d’intérêt pour le café et ses secrets de fabrication. Chose rare, la lecture se pratique les sens en éveil et on en vient à désirer impérieusement une tasse de ce breuvage magique.

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