Littérature française
Gilles Leroy
Dormir avec ceux qu’on aime
-
Gilles Leroy
Dormir avec ceux qu’on aime
Mercure de France
05/01/2012
192 pages, 17 €
-
Chronique de
Aurélia Magalhaes
Bibliothèque/Médiathèque Hélène Oudoux (Massy) -
❤ Lu et conseillé par
4 libraire(s)
- Linda Pommereul de Doucet (Le Mans)
- Michèle Lemoine de L'Astrée (Paris)
- Jean-Baptiste Hamelin de Le Carnet à spirales (Charlieu)
- C. Beaumont de Colbert (Mont-Saint-Aignan)
✒ Aurélia Magalhaes
(Bibliothèque/Médiathèque Hélène Oudoux, Massy)
À la faveur d’une tournée pour présenter son livre, l’écrivain rencontre un jeune homme dont il tombe amoureux instantanément. Un de ces amours rares, qui bouleversent tout sur leur passage et remettent tout en question.
Lorsqu’il rencontre Marian, le narrateur tombe fou amoureux. L’élan du cœur qui le saisit balaie tous les obstacles : la différence d’âge, de condition sociale, la distance géographique… Seul compte ce nouvel amour qui le remplit de désir et de joie, de vie… Bientôt, l’auteur doit reprendre la route. Alors il prend conscience que cet amour est condamné. Pendant cette tournée qui célèbre son dernier roman, il comprend l’inconsistance de la célébrité face au besoin d’aimer et d’être aimé en retour. Plus il s’éloigne physiquement de son nouvel amant, plus ce dernier se rappelle à lui dans le manque. Allant même jusqu’à le priver des paysages somptueux qui se dressent devant lui. Son errance géographique l’oblige à se recentrer sur lui-même et à se rappeler l’amant russe qui fut son premier amour et qui, d’une certaine manière, a conditionné la suite de sa vie amoureuse. Enfin, il mesure à quel point la réalité de Marian est éloignée de la sienne. Il y a surtout cette différence d’âge qui le mortifie. Pas seulement parce que son corps lui fait honte devant celui de l’être aimé, mais parce qu’ils sont dans un décalage insurmontable. Pendant que Marian lutte pour construire sa vie, décrochant ses premiers succès de rocker, le narrateur, plein de ses souvenirs, redoute l’inconséquence des jeunes hommes. Il objecte que dans tout amour, il y a celui qui aime et celui qui est aimé. Alors pour faire exister malgré tout son amoureux, l’auteur en fait une fiction. À un jeune homme qui lui demande pourquoi il écrit, le narrateur répond : « c’est dans le roman qu’est la vérité – et c’est dans cette vérité-là que j’ai décidé de vivre ma vie » ; ainsi l’amour ne sera pas complètement impossible.