Littérature française

Delphine de Vigan

Les Loyautés

photo libraire

Chronique de François Reynaud

Librairie des Cordeliers (Romans-sur-Isère)

Parce que violentée par son propre père durant des années et parce qu’elle a su le cacher en se faisant plus transparente qu’un fantôme, Hélène, devenue professeur de français d’un collège parisien, reconnaît tout de suite Théo comme « l’un des siens ». Ce qu’elle reconnaît, c’est ce mutisme, ces yeux rouges liés au manque de sommeil et l’attitude fuyante de celui qui ne veut pas attirer l’attention. Certes, l’infirmière de l’établissement a signalé cet élève comme « fragile » mais aucune suite n’a été donnée à ce diagnostic. C’est qu’il faut avoir un radar intime particulièrement sensible comme celui d’Hélène pour intercepter certains signaux de détresse. C’est ce que Delphine de Vigan appelle les « loyautés », ces « liens invisibles qui vous attachent aux autres ». Objet d’un divorce vraiment « pourri », Théo a trouvé dans l’alcool une façon de mettre le monde à distance. Arriverons-nous à lui prendre la main avant que l’irréparable n’advienne ?

illustration