Polar

Liad Shoham

Terminus Tel-Aviv

FR

✒ François Reynaud

(Librairie des Cordeliers, Romans-sur-Isère)

Peintures d’une société israélienne refermée sur elle-même et encline à une xénophobie ahurissante, on imagine que les romans de Liad Shoham passent mal auprès de ses compatriotes. Erreur, ils sont en tête des ventes !

La jeune activiste Michal Poleg est retrouvée assassinée dans son appartement de Tel-Aviv. Tout accuse un jeune Érythréen, Gabriel, venu se réfugier en Israël accompagné de sa sœur Lydie et avec qui Michal s’était liée d’amitié quelques semaines auparavant. Pour la grande majorité de l’opinion publique, chauffée par les imprécations xénophobes du député d’extrême droite Ehud Réguev, l’affaire semble entendue : la jeune femme, qui avait pris fait et cause pour les clandestins africains, semble avoir payé de sa vie son activisme. Quand, en plus, se sachant recherché par la police, Gabriel se rend aux autorités et avoue être l’auteur du meurtre pour une raison vaguement crapuleuse, l’enquête paraît sur le point d’être bouclée. Or il y un grain de sable. Il est blond, de petite taille, plutôt joli et se nomme Anat Namhias. Inspectrice Anat Namhias. C’est sa première enquête et, contrairement au reste des forces de police, dont Liad Shoham décrit le racisme et l’effarant machisme, la jeune femme aborde l’affaire sans le moindre a priori, notamment quand elle va faire face aux incohérences qui ressortent de la déposition du repenti Gabriel… Est-on sûr d’avoir arrêté la bonne personne ? Terminus Tel-Aviv est un roman coup de poing qui nous plonge dans le quotidien d’une société israélienne qui maltraite et méprise les étrangers. Et l’on sent toute la colère et la révolte d’un écrivain bien informé sur la question. Comment son pays peut-il accepter de laisser prospérer, au mépris de toute dignité, un marché basé sur le trafic humain sur son propre sol ? Prostitution, trafic d’armes, kidnappings, mafias, affairisme politico-judiciaire… la démocratie israélienne n’a vraiment pas fière allure et Liad Shoham ne se prive pas de le dire dans ce polar énergique et passionnant.

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