Littérature étrangère

Ivy Pochoda

L’Autre côté des docks

illustration
photo libraire

Chronique de Christophe Daniel

Librairie La 25e Heure (Paris)

Avec ce thriller sensible aux personnages attachants, Ivy Pochoda signe un roman subtil alliant poésie urbaine et réalisme sans concessions, qui happe le lecteur jusqu’à la dernière page. Le décor de Red Hook est inoubliable. Une voix originale, un coup de maître !

C’est dans le quartier de Red Hook, au sud de Brooklyn, qu’Ivy Pochoda pose le décor de ce formidable et étonnant roman. Un soir d’été étouffant, deux adolescentes, Val et June, décident, pour tromper l’ennui, de quitter le quartier résidentiel qu’elles habitent et de se laisser glisser sur un canot pneumatique au fil de l’East River. Le lendemain, Val est retrouvée inconsciente sur des rochers et June demeure introuvable. Qu’est-il arrivé à ces deux jeunes filles qui ne cherchaient qu’à se soustraire à leur désœuvrement ? Le suspense happe le lecteur dès les premières pages du roman, il le tiendra en haleine jusqu’au dénouement. Ivy Pochoda excelle dans la description de cet endroit si particulier de New York où se côtoient de nombreuses communautés qui ne se mélangent pas vraiment. Aptes à restituer les ambiances contrastées qui caractérisent quartiers résidentiels et cités misérables, l’écriture de Pochoda a le pouvoir de nous immerger dans des lumières souvent blafardes, dans les odeurs portuaires et dans ce superbe et sinistre décor de tôle rouillée et de rivière glauque.

 

Page — Red Hook, où se situe l’action de votre roman, en est aussi le personnage principal. Pouvez-vous nous parler de cet endroit si spécial ?
Ivy Pochoda — Red Hook est un quartier isolé au sud de Brooklyn. Il est encadré par l’eau sur trois côtés et séparé du reste de l’arrondissement par la voie express de Brooklyn Queens. Cela lui donne une atmosphère de village très différente du reste de Brooklyn. Red Hook est divisé en deux parties, dont l’une est principalement occupée par un important ensemble de logements sociaux qui, pendant les guerres de la drogue dans les années 1980, était l’un des endroits les plus dangereux de New York. L’autre est la zone portuaire, où l’activité a longtemps été importante et les quais très animés. Aujourd’hui, on y trouve surtout des entrepôts désaffectés et les fantômes d’une industrie navale disparue. Bien qu’assez désolé, c’est un quartier qui possède une beauté particulière.

 

RETROUVEZ L’INTÉGRALITÉ DE CET ENTRETIEN EN PAGE 74 DU N° 162 DE VOTRE REVUE PAGE DES LIBRAIRES