Littérature étrangère

Ognjen Spahic

Les Enfants de Hansen

photo libraire

Chronique de Christophe Daniel

Librairie La 25e Heure (Paris)

Premier roman d’un jeune auteur monténégrin, Les Enfants de Hansen est un livre âpre et magnifique où, à l’intérieur de chaque page, la puissance poétique le dispute à l’horreur.

Hansen est le nom du médecin norvégien qui découvrit la bactérie responsable de la lèpre. Et dans le fin fond de la Roumanie, coupés du monde et luttant désespérément contre une mort annoncée, les pensionnaires de la dernière léproserie d’Europe tentent, malgré l’horreur de leur quotidien, d’organiser leur survie. On est en 1989 et Ceausescu est en train de vaciller. Des fenêtres de la léproserie, les malades assistent, de loin, à l’écart, à la révolte des ouvriers d’une cimenterie voisine, premiers signes de l’effondrement du régime. Le narrateur et son compagnon américain de chambre et d’infortune, Robert W. Duncan, se battent contre leur maladie, leur solitude, mais aussi pour survivre aux terribles règlements de compte qui sévissent dans l’enceinte de l’hôpital. Ils n’ont qu’un seul espoir, un seul projet dans lequel ils jettent toutes leurs forces, fuir ce lieu de cauchemar. C’est un roman dur, on l’aura deviné, mais que son intrigue et son suspense rendent passionnant. Les Enfants de Hansen est habité par une respiration poétique constante, et au cœur de ces ténèbres perce une singulière et bouleversante lumière.

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