La vie n'est pas un roman de Susan Cooper

Portrait-type d’une romancière à succès de notre époque ? C’est sans compter avec la finesse de l’auteur et sa vivacité proustienne à croquer les personnages, ainsi que son talent à saisir la frivolité et la noirceur de notre monde. Susan Cooper a une classe folle et un appétit de vivre résistant aux années qui passent, ainsi qu'un penchant pour l’Italie quant au choix de ses amoureux et de ses repas. Elle est aussi travailleuse que délicieusement futile, concernée pas des choses aussi importantes que « les élections générales britanniques ou la nuance d'un rouge à lèvres ». Et surtout terriblement curieuse, comme tous les écrivains. Aussi, lorsqu’un message vient bouleverser cette existence brillante, le matin d’un départ pour Monaco, elle ne pourra pas ignorer ce « Je l’ai tué, aidez-moi » qui s’affiche sur sa messagerie Instagram et va la plonger dans une intrigue digne de ses meilleurs polars. Violence, lâcheté, cupidité, suspense et road movie : tous les ingrédients sont là pour lui faire vivre ce qu’elle s’applique si bien à décrire dans ses romans, au détail près qu’elle y joue cette fois sa liberté et sa carrière, en pleine remise d’un prestigieux prix littéraire. L’auteur s’amuse avec nos technologies modernes comme autant d’astuces romanesques pour bâtir cette intrigue rebondissante, très drôle et un peu cruelle, où beaucoup de choses sont dites sur notre époque à la manière des gens bien élevés : en souriant et avec légèreté ! On y sent un immense plaisir d’écrire qui donne à chaque chapitre la saveur d’une gourmandise à déguster, le tout saupoudré de conseils d'écriture rédigés par Susan Cooper elle-même. Impossible de lâcher ce roman en trompe-l’œil qui se joue de la fiction et de la réalité, et décide ne pas choisir entre le polar et la comédie, l'amour de la littérature et le goût de la vie, la profondeur et l'humour. Irrésistible !