Polar
A.J. Finn
La Femme à la fenêtre
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A.J. Finn
La Femme à la fenêtre
Traduit de l’anglais par Isabelle Maillet
Les Presses de la Cité
08/02/2018
520 pages, 21,90 €
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Chronique de
Audrey Dubreuil
Librairie Ellipses (Toulouse) -
❤ Lu et conseillé par
9 libraire(s)
- Geneviève Gimeno de Maupetit (Marseille)
- Stanislas Rigot de Lamartine (Paris)
- Nathalie Iris de Mots en marge (La Garenne-Colombes)
- Fabienne Vigier de Bibliothèque municipale de Senlis (Senlis)
- Christine Charrier de Agora (La Roche-sur-Yon)
- Jean Tanguy de Le Pain des rêves (Saint-Brieuc)
- Christophe Aimé de M'Lire Anjou (Château-Gontier)
- Audrey Dubreuil de Ellipses (Toulouse)
- Maryline Noël de Le Comptoir (Santiago)
✒ Audrey Dubreuil
(Librairie Ellipses, Toulouse)
Depuis deux ans, chaque nouveau thriller psychologique est jaugé à l’aune de La Fille du train de Paula Hawkins (Pocket). Celui-ci ne déroge pas à la règle, nous promettant un plaisir de lecture comparable. La Femme à la fenêtre est vraiment LE thriller à ne pas manquer.
Il est vrai que ce premier roman d’A. J. Finn a de nombreux points communs avec celui de Paula Hawkins. Il est question d’une femme à la dérive qui semble se nourrir quasi exclusivement de vin et d’antidépresseurs. Une femme qui passe son temps à espionner les autres à défaut de vivre sa propre vie. Mais là où l’héroïne de La Fille du train était, à mon sens, franchement agaçante, celle de La Femme à la fenêtre est à la fois sympathique et touchante. Anna est pédopsychiatre, habituée des troubles psychiques. Souffrant depuis plusieurs mois d’une agoraphobie sévère consécutive à un traumatisme dont, au début du roman, on ne sait rien, elle vit recluse dans sa maison de Harlem. Son mari l’a quittée, emmenant leur fille avec lui, autant pour protéger la petite d’une mère défaillante que pour permettre à sa femme de remettre de l’ordre dans sa vie. Isolée, Anna trompe son ennui en surfant sur un forum de discussion sur l’agoraphobie où, en tant que psychologue, elle distille conseils et encouragement à ceux qui souffrent du même mal qu’elle. Elle passe aussi de nombreuses heures à regarder de vieux films américains en noir et blanc, avec une prédilection pour ceux d’Alfred Hitchcock, le maître du suspense. Et, surtout, elle observe ses voisins à travers l’objectif de son appareil photo. Un jour, une nouvelle famille, les Russell, vient s’installer en face de chez elle. Elle fait d’abord la connaissance de leur fils, Ethan, un adolescent doux et intelligent qui lui semble d’emblée sympathique. Puis elle rencontre sa mère, Jane, une femme un peu fantasque qui lui vient en aide alors qu’elle est en proie à une crise de panique après avoir essayé de sortir de chez elle. Son expérience de psychologue lui donne immédiatement à penser que, chez les Russell, tout ne va pas bien et que le père, Alistair, pourrait être violent. De fait, quelques jours plus tard, alors qu’elle observe leur maison par la fenêtre, Anna croit être témoin du meurtre de Jane. Affolée, elle prévient la police. Mais alors qu’elle est interrogée par un enquêteur, Jane se présente chez elle en compagnie de son mari et de son fils. Une Jane qu’Anna ne reconnaît pas. Serait-elle en train de sombrer irrémédiablement dans la folie ? La Femme à la fenêtre est un thriller de la claustration. Un huis clos qui fonctionne à merveille parce que, plus encore que l’intrigue et ses nombreux rebondissements, c’est le personnage d’Anna qui monopolise toute notre attention. On partage sa douleur d’être éloignée de ceux qu’elle aime, son angoisse face à cet enfermement qui la coupe du monde – un enfermement physique et psychologique, une terrible solitude que renforce sa peur à l’idée de se souvenir du traumatisme qui est à l’origine de son agoraphobie. Cerise sur le gâteau, alors que l’on a l’impression d’avoir tout compris, le final est totalement inattendu. Alors oui, La Femme à la fenêtre fait penser à La Fille du train mais, croyez-moi, elle risque de bien vous surprendre.