Littérature étrangère
Anuk Arudpragasam
Un passage vers le Nord
-
Anuk Arudpragasam
Un passage vers le Nord
Traduit de l’anglais (Sri Lanka) par Dominique Vitalyos
Le bruit du monde
05/01/2023
304 pages, 22 €
-
Chronique de
Laura Picro
Librairie L'Arbre à lettres (Paris) -
❤ Lu et conseillé par
8 libraire(s)
- Laurence Behocaray de I.U.T. Carrières sociales, Université (Tours)
- Marie Michaud de Gibert Joseph (Poitiers)
- Valérie Barbe de Au brouillon de culture (Caen)
- Sarah Gastel de Adrienne (Lyon)
- Lydie Baillie de Aux lettres de mon moulin (Nîmes)
- Maria Ferragu de Le Passeur de l'Isle (L'Isle-sur-la-Sorgue)
- Valérie Schopp de L'Arbre à mots (Rochefort)
- Yassi Nasseri de Kimamori (Porto Vecchio)
✒ Laura Picro
(Librairie L'Arbre à lettres, Paris)
Un passage vers le Nord est la traversée d’une île ravagée par les conséquences d’années de guerre civile. Une déambulation intérieure chargée de questionnements et de souvenirs qui interrogent notre manière d’habiter le monde.
La mort soudaine de Rani dans un curieux accident laisse Krishan désemparé. Elle a été l’assistante de vie de sa grand-mère pendant deux ans et a partagé leur quotidien, tout en mettant une certaine distance avec le réel. Si Krishan a pu quitter le Sri Lanka pendant la guerre, Rani, elle, est restée et y a laissé deux fils. Une blessure inguérissable qui lui a rendu le présent impossible à tout jamais. Car c’est le temps qui est au centre de ce livre, la manière dont notre rapport à lui structure notre présence au monde. Une réflexion qui parcourt tout le tissu de la narration : comment gérer son passage sur le physique et l’esprit ? Quelles marques imprime-t-il, avec la vieillesse, sur le corps, l’obligeant peu-à-peu à se retrancher du monde ? Comment être plus disponible au moment présent et ne pas se laisser happer par les ruminations du passé et les angoisses du futur ? Ce présent qui nous échappe au fil des ans mais que Krishan rattrape à certains moments lors de déambulations dans Colombo ou en se plongeant dans les paysages qui défilent sous ses yeux dans le train qui le mène au Nord, dans le village natal de Rani où se dérouleront les funérailles. Un présent teint de son histoire personnelle, des événements qui ont marqué son parcours : ses choix, ses engagements, son besoin de revenir et son histoire d’amour. Car l’amour est également un rouage du temps qui semble alors acquérir une aura particulière. Et puis il y a la culpabilité, ce passé qui empoisonne le présent. Comment alors réinvestir son identité, ses racines ? Que faire pour son pays, pour ceux qui ont vu le pire, prisonniers des traumatismes d’un passé qui rend impossible leur projection vers le futur ? Comment faire perdurer le souvenir de ceux qui ont disparu ? Un voyage rare et précieux le temps d’une lecture qui nous rappelle avant tout que c’est le chemin qui compte.