Littérature étrangère
Richard Brautigan
Retombées de sombrero/Un privé à Babylone
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Richard Brautigan
Retombées de sombrero/Un privé à Babylone
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Marc Chénetier et Robert Pépin
Christian Bourgois éditeur
22/03/2018
450 pages, 18 €
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Chronique de
Amel Zaïdi
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❤ Lu et conseillé par
5 libraire(s)
- Geneviève Gimeno de Maupetit (Marseille)
- François Reynaud de des Cordeliers (Romans-sur-Isère)
- Yann Leray de Alpha Bureau (Monistrol)
- Guillaume Foussard de Le Méandre (Meudon)
- Anaïs Ballin de Les mots et les choses (Boulogne-Billancourt)
✒ Amel Zaïdi
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L’auteur américain, souvent associé à la contre-culture hippie et à la Beat Generation, a été publié dès les années 1980 aux éditions Christian Bourgois, devenant un des écrivains majeurs de leur riche catalogue. Retombées de sombrero et Un privé à Babylone (qui figurent dans cet ouvrage, respectivement parus en France en 1980 et 1981), sont devenus – à juste titre – des romans cultes. Dans le premier, on suivra les mésaventures d’un célèbre humoriste à San Francisco en mal d’amour et d’écriture. Il tente en vain de commettre un nouveau récit, mais l’inspiration lui manque et l’existence lui pèse depuis le départ de Yukiko, jeune psychiatre japonaise avec qui il vivait depuis deux ans. Les ébauches de textes s’amoncellent dans sa corbeille à papier et finissent par prendre vie. L’écriture fragmentaire fait de certains chapitres de véritables compositions poétiques. Complètement loufoque mais tellement juste, la prose à la fois tendre et amer de Brautigan donne une dimension tragi-comique à ses personnages. C’est le cas également dans le deuxième roman qui met en scène un privé raté, Card, rescapé de la Guerre d’Espagne dont il revient avec une blessure fort mal placée. Sujet à l’oisiveté et la rêverie, il devient l’anti-héros de ce hard-boiled parodique dans lequel on retrouve un regard aussi triste que drôle : la patte si singulière de l’écrivain-poète. Le lecteur percevra au fil de la lecture que le désabusement de l’auteur était un abîme qui le hantait, à tel point qu’il mettra fin à ses jours en 1984, comme il l’écrivait prophétiquement dans Retombées de sombrero à propos de son personnage principal : « Parce que s’il n’ignorait pas qu’il n’y a pas de happy end à la vie, il ne voulait pas non plus la finir de cette façon. Non : mieux valait se faire sauter le caisson. »