Essais

Marianne et le garçon noir

photo libraire

Chronique de Amel Zaïdi

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« Il fallait bien un livre, celui-ci, pour commencer à réfléchir au grand dérangement que semble encore susciter la présence noire dans la France contemporaine. »

Léonora Miano annonce dans une préface sans fard intitulée « Noire Hémoglobine », les raisons qui ont animé la convocation de ce collectif d’artistes. La beauté du geste est saisissante : une femme prend l’initiative de défendre l’homme Noir, car « pour les hommes la menace est constante. Femme, jamais je ne fus contrôlée par la police. » Les noms d’Adama Traoré et de Théo Luhaka résonnent alors et laissent deviner les symptômes d’un racisme systémique qui naît d’une généalogie lointaine : « Jamais on ne se pose la question de savoir comment pacifier une société au sein de laquelle les héros des uns furent les tortionnaires des autres. » Dans une démarche apaisée et au moyen d’une liberté d’écriture, les voix des artistes s’unissent pour penser la place de l’homme Noir en France. Si certains auteurs comme Insa Sané ou Wilfried N’Sondé sont connus, d’autres sont plus confidentiels. Allant du récit au témoignage, en passant par l’autofiction ou le poème, le talent et la créativité qui émanent de ces textes redonnent du sens à la création engagée. Un ouvrage à la fois grave et réjouissant qui nous concerne tous car la seule communauté dont il est question est bel et bien l’humain.

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