Littérature française

Magyd Cherfi

Ma part de Gaulois

photo libraire

Chronique de Amel Zaïdi

()

Ancien chanteur du groupe Zebda, Magyd Cherfi signe un récit autobiographique qui nous plonge dans les aventures singulières d’un gallo-berbère des quartiers nord de Toulouse.

« L’exception française, c’est d’être français et de devoir le devenir. » L’épigraphe donne le ton, la plume de l’auteur s’impose ; l’histoire peut commencer. Sous une écriture en mosaïque, criant les désirs frustrés des habitants des territoires oubliés de la République, la voix du conteur déploie la pluralité de ses accents et nous transporte dans une langue de Molière en fusion. Les vers de José-Maria de Heredia côtoient la syntaxe chaotique des Gitans du quartier et l’imparfait du subjonctif flirte avec l’argot et le vocabulaire approximatif des parents nés sous d’autres cieux. L’humour ne masque jamais la gravité des situations, mais il permet de poser un regard d’empathie sur les pires brutes. Quant aux filles, dont la lutte était sans répit, Magyd Cherfi leur rend hommage et scande son récit de leurs noms : Hakima la battante, Bija la battue, Hélène la militante, puis Taoues la mère. D’elle, il écrit : « Elle préférait rester triste mais en éveil pour ne pas oublier que sa vie n’allait rien produire de littéraire si ce n’est cette affirmation que je n’ai jamais perdue de vue :\" Je n’ai même pas été femme. \" » En bref, le lecteur se délectera de ce récit vif et touchant.

illustration