Littérature française

Philippe Vilain

Pas son genre

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photo libraire

Chronique de Jean-Luc Aubarbier

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Reprenant avec brio le thème de La Dentellière, de Pascal Lainé, Philippe Vilain propose une réflexion sur le choix amoureux, le racisme des sentiments, l’absurdité de l’amour.

Un jeune professeur de philosophie, habitué à la brillante vie parisienne, est affecté dans le Nord de la France. Il souffre de cet exil, de cette solitude. Il rencontre Jennifer, une jeune coiffeuse, et devient son amant. Elle est fascinée par tout ce qu’il représente, le pouvoir intellectuel, l’accès à la connaissance du monde et des autres. Mais lui, que cherche-t-il auprès de cette jeune femme sentimentale et à laquelle il trouve tant de mauvais goût ? Tout les oppose : l’appartenance sociale, les ambitions, le langage. L’amour se croit libre, sans loi, mais les barrières sociales demeurent. Le narrateur est un homme velléitaire qui choisit de ne pas choisir. Il se laisse entraîner dans une histoire d’amour qui n’était, pour lui, qu’un passe-temps. Il ne peut s’empêcher d’éprouver pour Jennifer un dédain inconscient, un mépris indissociable du sentiment qu’il éprouve. L’histoire n’était pas partie pour durer, « nous ne sommes jamais dans la vie, comme dans le cœur des autres, que de passage. » Mais le professeur et la coiffeuse vivront une véritable histoire d’amour, avec ses bonheurs et ses souffrances, car nous savons, depuis Marcel Proust, que les plus belles aventures amoureuses peuvent être vécues avec des gens qui ne sont pas notre genre. « L’amour n’a pas de genre et n’est… qu’un mépris royal des valeurs. »