Littérature étrangère

Zoé Valdés

Le Paradis du néant

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photo libraire

Chronique de Jean-Luc Aubarbier

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À travers le destin de Yocandra, 
Zoé Valdés nous fait vivre les espérances 
et les souffrances des exilés cubains disséminés sur toute la surface de 
la terre et qui portent leur pays comme 
une blessure.

Les lecteurs avaient déjà rencontré dans un précédent roman, Le Néant quotidien, la jeune Yocandra, née de fervents adeptes de la révolution castriste. Quinze ans plus tard, devenue écrivaine et déçue par le communisme, elle doit se résoudre à prendre le chemin de l’exil, fuyant « une île qui avait voulu construire le paradis et s’est transformée en enfer. » Le quartier de Little Havana, à Miami, est sa première étape. Mais elle ne supporte pas ce cloaque mafieux qui se perd depuis toujours dans les chimères de la contre-révolution. Ceux qui ont pris la mer sur des embarcations de fortune attendent tout de demain et rien d’aujourd’hui. Yocandra gagne alors Paris en espérant refaire sa vie. Dans le vieil immeuble du Marais où elle finit par échouer comme un bateau à la dérive, tout le monde parle espagnol, tout le monde est artiste, tout le monde est cubain. La ville lumière n’a-t-elle pas pour ambassadeur un des plus grands écrivains cubains en la personne d’Alejo Carpentier ? Yocandra aspire à la liberté, mais elle est sans cesse rattrapée par la nostalgie. La vie de l’exilée n’est faite que d’espoirs et de désillusions. Il lui reste à sortir les siens de l’enfer, avec le soutien du trouble Fidel Raul, communiste orthodoxe dont elle finit par accepter l’aide. Au bout de longues années, sa mère parvient à obtenir son visa de sortie. La vieille femme devra subir un long apprentissage de la vie française, et les rôles mère-fille s’inverseront peu à peu. Elle mourra libre. Puis Yocandra tentera d’obtenir la liberté pour l’homme qu’elle aime, surnommé le Nihiliste.


Dans ce roman très autobiographique, Zoé Valdés, née à Cuba en 1959 et exilée à Paris depuis 1995, nous raconte sa propre histoire. Avec un style qui mêle la tragédie et le loufoque, elle décrit avec sensibilité et émotion les chagrins de la séparation et le déchirement de celle qui a laissé une partie d’elle-même derrière elle.