Jeunesse

Manu Causse

Le bonheur est un déchet toxique

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Chronique de Noëmie Kormann

Librairie Le Failler (Rennes)

Attention, petite pépite chez Thierry Magnier ! Manu Causse nous livre un roman subtil et délicat, dressant le portrait d’un adolescent sur fond de luttes écologiques. Un texte juste, qui mêle avec brio émotion et humour, à dévorer de toute urgence !

« Dire que je n’ai pas pleuré à l’enterrement de mon père. Enfin si, un peu, évidemment. Mais quand même. Derrière les larmes, j’ai presque réussi à sourire. Je lui avais promis. » Nathanaël a toujours vécu avec son père, avec qui il partage une tendre complicité. Lorsque celui-ci tombe malade, sans rémission possible, il met sa vie d’adolescent en stand-by. Il souhaite profiter au maximum du peu de temps qu’il leur reste, engrangeant des souvenirs et multipliant les conversations sur mille et un sujets. Il lui promet de ne pas sombrer dans la mélancolie après sa mort, ni de s’apitoyer sur son sort. Surtout, il laissera une chance à sa mère, qu’il a cru morte et qui souhaite renouer avec lui. Ce qu’il n’avait pas prévu, c’est qu’elle souhaiterait davantage, se battant jusqu’à obtenir sa garde. L’adolescent est alors contraint de quitter sa vie, ses repères, son quotidien, pour s’installer en pleine campagne chez une mère vegan et ardente militante écologique. En plus d’une nouvelle maman, il hérite de grands-parents taiseux, d’un oncle agriculteur et d’une histoire familiale plutôt mouvementée. Si l’on rajoute à cela un nouveau lycée, un premier amour contrarié et une zone à défendre pour lutter contre la création d’une décharge, on comprend facilement que les bouleversements sont un peu trop nombreux pour notre jeune héros ! Si les thèmes abordés dans ce roman sont nombreux, ce sont ses protagonistes qui font sa force. Pas de manichéisme chez Manu Causse. Ses personnages ont tous leurs failles, leur passé, leurs défauts, leurs qualités qui les rendent profondément humains et attachants. Il aborde avec subtilité des sujets graves, le deuil, le déracinement, l’engagement militant, sans jamais tomber dans les clichés ni dans la mièvrerie. Un texte fort et bouleversant, une réussite !

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