Polar

Víctor del Arbol

La Maison des chagrins

photo libraire

Chronique de Renaud Junillon

Librairie Lucioles (Vienne)

Pénétrer cette Maison des chagrins, c’est vivre aux côtés de personnages pour qui la perte, le deuil ou les erreurs du passé sont autant de blessures à jamais douloureuses. Et à trop vouloir les apaiser, les personnages empruntent des chemins incertains, les amenant à leur perte. Si le destin est souvent cruel, la haine est toujours intense. Telle était la morale de La Tristesse du samouraï (Bable noir), le précédent polar de Víctor Del Árbol – prix Le Point du polar européen 2012 –, qui évoquait les fantômes de l’Espagne franquiste hantant aujourd’hui encore les jeunes générations ; et telle est la philosophie des habitants de cette Maison des chagrins. Rongés par la culpabilité, le remord et la vengeance, ils se débattent avec un destin que la structure narrative du roman, habile et complexe, rend inexorable. Víctor Del Árbol compose une tragédie des temps modernes, un roman-chorale d’une humanité remarquable doublé d’une réflexion sur l’art et son pouvoir de transcendance.

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