Essais
John Ziegler
Destruction massive
Partager la chronique
-
John Ziegler
Destruction massive
Seuil
04/11/2011
20 €
-
Chronique de
Raphaël Rouillé
Bibliothèque/Médiathèque de Saint-Christol-lez-Alès (Saint-Christol-lez-Alès) - ❤ Lu et conseillé par 1 libraire(s)
✒ Raphaël Rouillé
(Bibliothèque/Médiathèque de Saint-Christol-lez-Alès, Saint-Christol-lez-Alès)
Premier rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation, Jean Ziegler dresse un constat terrifiant du désastre humain causé par la faim. Il se penche sur les causes et les responsabilités à l’origine de ce scandale du siècle.
Ce livre est le résultat de huit années de combat mené par Jean Ziegler et ses collaborateurs à travers le monde. Du Bangladesh au Niger, de l’Inde au Guatemala, ils témoignent de la dévastation de populations entières par la faim. C’est d’abord à travers des chiffres que l’ouvrage nous interpelle : « toutes les cinq secondes un enfant de moins de 10 ans meurt de faim ». Ce chiffre suffit à comprendre le cri de colère poussé par l’auteur face à un Occident qui reste souvent de glace alors même que l’inadmissible se produit sous ses yeux. En dressant une géographie de la faim, Jean Ziegler montre combien la planète est frappée par l’inégalité. Il donne de nombreux exemples de sous-alimentation des populations et explique cette « faim invisible » qu’est la malnutrition. Mais il pointe surtout un doigt accusateur en direction des ennemis du droit à l’alimentation, dont, en premier lieu, les gigantesques sociétés transcontinentales privées : « aujourd’hui, les deux cents premières sociétés de l’agroalimentaire contrôlent le quart environ des ressources productives mondiales. » Réalisant des profits astronomiques, ces sociétés exercent un monopole sur l’ensemble de la chaîne alimentaire. La Banque mondiale, mais surtout le FMI et l’OMC sont également des ennemis déclarés du droit à l’alimentation. Dénonçant l’affaiblissement du Programme Alimentaire Mondial et ses conséquences, Jean Ziegler met également à jour les nouveaux marchés juteux qui intéressent « les vautours de l’“or vert” », en particulier les filières de biocarburant. Au prétexte de favoriser une énergie végétale et écologique, ils font l’impasse sur les méthodes et les coûts environnementaux de la production d’agrocarburants, voraces consommateurs d’eau et d’énergie, mais aussi grands destructeurs de l’environnement. Néanmoins toujours plein d’espoir, le sociologue suisse propose des solutions pour endiguer la déraison des affameurs, brandissant plus que jamais – comme chacun devrait être en mesure de le faire –, le drapeau de la justice et celui de la dignité.