Littérature française

Albert Camus , Maria Casarès

Correspondance, 1944-1959

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photo libraire

Chronique de Christèle Hamelin

Librairie Le Carnet à spirales (Charlieu)

Catherine Camus met en lumière la relation fusionnelle que vivaient éperdument son père, Albert Camus, et l’actrice Maria Casarès en autorisant la publication d’une correspondance volumineuse, transcendante, lumineuse.

« À bientôt ma superbe. […] Je t’embrasse, je te serre contre moi jusqu’à mardi où je recommencerai. » Ce sont les derniers mots de l’ultime lettre d’Albert Camus à Maria Casarès écrite le 30 décembre 1959, quelques jours avant le décès brutal de l’écrivain. L’histoire a commencé quinze ans plus tôt pendant les répétitions de la pièce de Camus, Le Malentendu, dans laquelle la brune et sensuelle actrice joue le rôle de Martha. Contrairement à ce personnage, qui n’a jamais connu l’amour et dont « personne n’a embrassé [la] bouche », Maria Casarès et Albert Camus s’enflamment littéralement. Cette passion dévorante donne naissance à une correspondance aussi incendiaire qu’abondante qui s’étale entre 1944 et 1959, interrompue malgré eux pendant quatre ans. Les amants renoncent en effet à cette folie amoureuse car Camus est marié et le retour d’Algérie de sa femme Francine les contraint à mettre fin à leur relation physique et épistolaire. Mais en 1948, le hasard ou le destin les réunit et cette fois ils ne se quitteront plus, même si leurs obligations familiales et professionnelles les éloignent souvent. Certes, Camus, séducteur invétéré, aimait les femmes, ce n’est un secret pour personne, à commencer par sa propre mère, son premier amour. Il eut évidemment plusieurs maîtresses mais c’est Maria la volcanique, Maria la solaire, qui fut « l’Unique » comme il la surnommait. En témoigne ce document impressionnant, preuve irréfutable d’un amour inconditionnel et incandescent mais aussi d’un amour spirituel et intelligent nourri de leur passion conjointe pour le théâtre, leur goût de la justice, leurs questionnements sur l’existence et leur souffrance de l’exil avec, en une sorte de filigrane, cette citation de Camus : « Je ne connais qu’un devoir et c’est celui d’aimer ».