Littérature étrangère

Justin Torres

Vie animale

photo libraire

Chronique de Antoinette Brunier-Roméo

Librairie Le Cadran lunaire (Mâcon)

Vie animale est, par son écriture, un premier roman d’une exceptionnelle valeur. On est déjà impatient de découvrir le futur roman de Justin Torres.

Il y a Ma, Paps et les trois gamins, « trois frères, trois mousquetaires, trois histoires ». Il y a les rires, les parties de ketchup en imperméables, les raclées de Paps, Ma qui débloque un jour sur deux, la faim qui les tiraille, il y a la rage vissée au corps, les virées en « Pick-up de connard », le boulot qui va qui vient, et qui parfois ne vient plus du tout. Dès lors, les repas, qui étaient déjà frugales, disparaissent complètement. Sauf que eux, ces trois gamins, ils sont tellement enragés qu’ils pourraient bouffer le soleil, l’avaler tout entier. La poitrine gonflée à bloc, durs comme des soldats, soudés, liés par cette magnifique enfance du possible au sein de laquelle le rêve n’a d’autre limite que celle du grandir, ils affrontent les épreuves.

Justin Torres signe avec Vie animale un magnifique premier roman. Le style est sec, vif, ciselé, efficace, le ton dérangeant à souhait. Ça décape. Torres fait vibrer ces trois gosses sous une plume féroce, rare, et ça fait du bien. Parce que des mecs comme ça en littérature, ça court pas les rues, ça fait flipper la ménagère, ça dérange, ça démange, ça vous remue les tripes. À lire de toute urgence, cul sec et frappé !

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