Littérature française
Serge Mestre
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Serge Mestre
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Sabine Wespieser éditeur
07/02/2019
220 pages, 19 €
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Chronique de
Lydie Baillie
Librairie Aux lettres de mon moulin (Nîmes) -
❤ Lu et conseillé par
6 libraire(s)
- Emmanuelle George de Gwalarn (Lannion)
- Nicole Legrand de Graffiti (Castres)
- Aurélie Janssens de Page et Plume (Limoges)
- Lydie Baillie de Aux lettres de mon moulin (Nîmes)
- Maryline Noël de Le Comptoir (Santiago)
- Coline Thuillier de Mots en marge (La Garenne-Colombes)
✒ Lydie Baillie
(Librairie Aux lettres de mon moulin, Nîmes)
Serge Mestre fait renaître en mots une femme de l’image. Une amoureuse indomptable qui n’aura eu que trente-sept ans pour laisser les traces de son inlassable chasse aux clichés de ceux qui ont fait l’Histoire.
Dix-sept jours après son arrestation en Allemagne, en 1933, Gerta Pohorylle, de famille juive polonaise, est libérée. Malgré sa joie de vivre restée intacte, elle mesure très vite que la situation politique du pays est une menace et que sa liberté n’est qu’en sursis. Alors que Georg, l’un de ses amoureux, se sauve en Italie, Gerta rompt ses fiançailles avec Pieter pour fuir en France, où elle espère pouvoir envisager un avenir meilleur, loin du fascisme. Pourtant, l’assemblée vient de voter une loi « de protection de la main-d’œuvre nationale » et la situation à Paris n’est que survie. L’inquiétude monte et arrive presque à lui ôter son sourire quand les slogans anti-juifs fusent dans la capitale. Gerta se réconforte auprès de ses camarades d’exil. Pour gagner quelques francs, son amie et colocataire Ruth pose pour des publicités. Gerta, qui l’accompagne, est curieuse de ce travail de photographe. Son intérêt grandissant et sa forte personnalité l’amènent à croiser un jeune exilé hongrois affamé, André Friedmann, qui se remémore le temps de son premier reportage à Copenhague pour photographier Léon Trotski et qui cherche des contrats. Gerta aspire à plus d’autonomie et n’a plus qu’un objectif : devenir femme photographe. Ce but, elle pourra l’atteindre grâce à André qui l’initie au développement et à la prise de vue tandis qu’avec sa Remington, elle lui tape les légendes de ses clichés. Mais cela ne suffit pas au couple pour fuir le dénuement. La notoriété n’est toujours pas là. Gerta a l’idée de rebaptiser André dont le nom de famille ne convient pas à l’époque. Il devient désormais Robert Capa, photographe américain. Elle sera Gerta Taro ! Elle sera prête à prendre tous les risques, pendant la guerre civile espagnole, pour témoigner : bien photographier, c’est dire son opinion. Serge Mestre signe le portrait d’une femme libre qui voulait vivre intensément.