Littérature française
Vanessa Springora
Patronyme
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Vanessa Springora
Patronyme
Grasset
02/01/2025
364 pages, 22 €
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Chronique de
Valérie Rochette
Librairie Un monde à soi (Roanne) - ❤ Lu et conseillé par 25 libraire(s)
✒ Valérie Rochette
(Librairie Un monde à soi, Roanne)
Cinq ans après la parution du Consentement, Vanessa Springora revient avec un roman tout en nuances. De qui Springora est-il le nom ? Quel héritage familial accompagne la transmission de ce patronyme ?
Alors qu'elle accompagne la parution de son livre-témoignage, Vanessa Springora apprend la mort de son père avec qui elle avait coupé tout contact depuis de nombreuses années. Comme il faut libérer l'appartement qu'il habitait d'abord avec sa mère, puis seul depuis la mort de celle-ci, elle s'arme de courage et d'autant de sacs poubelles pour vider le taudis que le petit deux-pièces était devenu. Les découvertes qu'elle va faire vont bousculer le peu de certitudes qu'elle avait sur cet homme. Des photos d'hommes : son père était-il homosexuel ? Et puis une photo qui est, pour l'autrice, une véritable déflagration : celle de son grand-père, en 1944, arborant une tenue d'escrime et portant à l'épaule un symbole nazi. «J 'ai l'impression d'être entrée dans une dimension parallèle, de m'être perdue dans une fête foraine lugubre », écrit Vanessa Springora en entamant son enquête sur ses origines familiales cachées. Tout commence en Tchécoslovaquie, pays aujourd'hui disparu, morcelé, que les guerres ont tourmenté, pays de Kafka, de Kundera. C'est de ce pays que vient Josef, ce grand-père dont le portrait a bouleversé l'autrice qui se souvient pourtant de la douceur de cet homme quand elle était enfant. Un homme présenté comme un héros, un réfugié tchécoslovaque ayant déserté la Wehrmacht, arrivé en France pour fuir le stalinisme. Ce récit-enquête mêle la grande et la petite histoire et Vanessa Springora excelle à rappeler l'ineptie du nazisme avec un humour qui semble vouloir alléger le sujet auquel elle s’attelle, peut-être de peur de trouver des preuves trop concrètes de l'implication de son aïeul. Elle souligne au passage les parallèles avec notre présent, rappelle l'Histoire des Sudètes et de cette région éclairant l'actualité des conflits et les rancœurs dont l'Europe semble incapable de guérir.