Essais

Jacques Dalarun

Le Cantique de frère soleil

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photo libraire

Chronique de Caroline Clément

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Depuis huit siècles, la vie de Saint François d’Assise inspire, bouleverse et illumine ceux qui, à l’instar de François Cheng, méditent sa parole. À l’intérieur de cette parole, qui continue de résonner intensément par-delà les époques et les lieux, circule quelque chose d’étrange, d’enfantin et de profondément mature, de joyeux et de grave.

C’est une confidence, ou plutôt une révélation, à laquelle se livre François Cheng, imprégné de deux mondes, riche de ses deux cultures, occidentale et orientale. Il écrit : « [J’ai eu] le privilège de choisir, à un moment clé de ma vie, mon propre prénom. […] C’était en 1971, lors de ma naturalisation. » Il a voulu s’appeler François. Saint François, Assise, le Moyen Âge, l’Italie, la plaine de l’Ombrie, la pauvreté et la joie, la beauté, la nature, l’humilité… Membre de l’Académie française, l’auteur du Dit du Tianyi (Albin Michel), fait le récit lumineux de ce qui fut pour lui une « rencontre inattendue », celle d’il Poverello, le pauvre, l’humble. En quelques pages vibrantes, François Cheng raconte son parcours au côté de celui qu’il nomme « le Grand Vivant » et dont il parle avec sensibilité et respect. « On comprend que la joie de François ne provient pas d’une disposition naïve, telle celle d’un joyeux drille. » François, alors qu’il était malade, souffrant, presque aveugle, a composé à la fin de sa vie un chant, ce cantique « qui compte parmi les textes fondateurs de la littérature italienne ». Lu par Jacques Dalarun, historien, auteur notamment de Le Moyen Âge en lumière (Fayard, 2002), Le Cantique de frère Soleil est restitué dans toute sa puissance et sa poésie. Illustré de reproductions de manuscrits médiévaux, le texte est replacé au sein de son contexte historique, culturel et politique. En spécialiste du mouvement franciscain, Jacques Dalarun éclaire les parts méconnues du texte. Ce faisant, il dépeint une époque et explicite l’itinéraire d’un homme, qui fut « formé dans la culture courtoise et chevaleresque des élites du xiiie siècle [et] décida de “suivre nu le Christ nu” ».

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