Essais
Alain Vircondelet
L'Art jusqu'à la folie
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Alain Vircondelet
L'Art jusqu'à la folie
Le Rocher
03/10/2016
320 pages, 18,90 €
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Chronique de
Margaux Henin
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❤ Lu et conseillé par
2 libraire(s)
- Aurélie Janssens de Page et Plume (Limoges)
- David Gouhier de Privat (Toulouse)
✒ Margaux Henin
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Art et folie, deux termes si souvent associés que l’on est tenté de se demander s’ils ne sont pas indissociables. Le nouvel essai de Vircondelet relate trois destins dans lesquels la folie semble avoir été la clé de la création.
Camille Claudel, Séraphine de Senlis, Aloïse Corbaz. Trois femmes, trois artistes qui ont insufflé une dimension nouvelle à l’art du XXe siècle. Trois destins qui furent brisés par l’enfermement psychiatrique. Une question se pose alors : l’art conduit-il nécessairement à la folie ? La folie permet-elle d’accéder à l’art ? En lisant le très riche essai d’Alain Vircondelet, on ne peut qu’être frappé par le rôle qu’a joué l’aliénation dans le parcours de ces trois femmes. L’auteur a en effet choisi de remonter le cours de ces vies minuscules afin de mieux analyser le moment où la folie les a condamnées. On croit, à tort, parfaitement connaître la vie de ces artistes. Le XXe siècle n’a eu de cesse de célébrer le destin tragique de Camille Claudel et de Séraphine de Senlis. Vircondelet essaie ici d’apporter un regard neuf sur ces trois existences. Il fait de la folie un personnage à part entière, tentant de percevoir l’instant précis où l’aliénation s’empare de ses personnages, les faisant basculer pour toujours dans un monde fait de songes et de cauchemars, de complots en tout genre et de douleurs éternelles. L’auteur met également en avant la similarité de ces femmes. Toutes au bord de la schizophrénie, Camille, Séraphine et Aloïse ont cruellement souffert d’un profond manque affectif, maternel et amoureux, au point que l’on peut se demander s’il n’est pas à l’origine de leur mal-être. Si l’enfermement a eu des conséquences dramatiques sur Camille et Séraphine, qui ont dès lors cessé toute activité artistique (seule Aloïse révèlera son talent dans les murs bienveillants de La Rosière), toutes se sont tournées vers l’écriture, préservant le lien si fragile qui les reliait à l’extérieur. Avec une douceur sincère, Vircondelet redonne noblesse et éclat à l’existence de ces trois âmes fragiles dans leur beauté.