Jake

Plongés dans les pensées de Simon Connolly, nous voyons sa vie basculer lorsqu’il apprend qu’une fusillade a eu lieu dans le lycée que fréquentent ses enfants. Arrivé sur place, parqué dans l’église du quartier avec les autres parents, l’attente est interminable. Rien ne filtre, seules de vagues rumeurs parviennent jusqu’à lui. Quand les élèves sortent peu à peu, quand les policiers commencent à poser des questions, il s’aperçoit que personne n’a de nouvelles de son fils. Il n’y a que deux solutions : soit Jake est mort, soit il a participé à la fusillade. Dans un contexte horrifiant et après la tuerie de Parkland le 14 février dernier, lire Jake offre une perspective différente : sans concessions, Bryan Reardon remet l’humain au centre en nous imposant l’unique point de vue de ce père au foyer. Et Simon Connolly est confronté à ce qu’il sait – et ne sait pas – de son fils. Alors, d’un côté, l’enquête suit son cours ; et de l’autre, il se souvient de son fils et nous voyons Jake grandir sous nos yeux. Oscillant entre passé et présent, les fils de la narration nous entraînent dans le sillage de Simon et de sa famille et livrent un portrait en pointillés de Jake. Ainsi, Jake interroge ce que l’on croit savoir des autres. Ce jeune garçon charmant, certes un peu différent, peut-il réellement devenir un tueur de masse ? Lui suffit-il d’avoir de mauvaises fréquentations ? De jouer à des jeux vidéo violents ? Tout repose sur cette impossible question que se pose Simon Connolly : son fils est-il victime ou coupable ? Ce père, en proie au doute et à la culpabilité, nous entraîne dans un tourbillon de questions, de fausses pistes, de sentiments contradictoires. Du début à la fin, Jake est un roman viscéral que vous ne lâcherez pas, d’une finesse et d’une intelligence impressionnantes. Magnifique !