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Rebus, 21e ! (Et plus encore)

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✒ Nadège Rousseau

(Librairie Passages Lyon)

En 1987, le monde faisait la connaissance de John Rebus, l’inspecteur créé par Ian Rankin. Et c’est toujours avec plaisir que nous le retrouvons ! Alors, c’est peu de dire que nous sommes gâtés, avec une nouvelle aventure de Rebus, Le diable rebat les cartes, et un recueil de nouvelles inédites, The Beat Goes On.

Oui, cela fait trente ans que Rebus arpente les rues d’Édimbourg sous la plume de Ian Rankin. Trente ans que nous suivons ses aventures. Et même s’il est aujourd’hui à la retraite, il est loin d’être en dehors du coup : il est toujours dans les parages, prêt à donner un coup de main à sa protégée, l’inspecteur Siobhan Clarke, ou à régler ses comptes avec ses ennemis. Dont Big Ger Cafferty, ponte de la mafia édimbourgeoise, sournois et fuyant. Un « méchant » comme on en voit rarement. Ces deux grandes figures, Rebus et Big Ger Cafferty, s’affrontent à nouveau dans Le diable rebat les cartes. On y voit Rebus, littéralement obsédé par un meurtre vieux d’une quarantaine d’années : la belle Maria Turquand a été retrouvée morte dans un hôtel chic et personne n’aurait rien vu, rien entendu. Très peu pour lui ! Mais pendant que notre inspecteur se perd dans ses souvenirs et dévoile les secrets des uns et des autres, Big Ger Cafferty prépare son retour sur le devant de la scène. Ici, ce sont les « retraités » qui mènent la danse. Qui restera debout à la fin ? Encore une fois, c’est un bonheur que de suivre l’(ex-)inspecteur dans ses péripéties. Même s’il est grincheux, usé par la vie et son métier, il ne recule jamais face au danger. Quitte à ce que le lecteur se demande si Ian Rankin n’entretient pas un désir de mort à travers Rebus qu’il n’a pas épargné dans ses romans (on peut même dire qu’il en a vu de toutes les couleurs). Mais Rebus, que l’on a vu évoluer avec le temps, est bien plus que l’archétype du « flic-brisé » auquel on pourrait le rattacher. C’est aussi un fantôme, un personnage trouble, un miroir de la ville qu’il hante, de l’arène que Rankin lui a choisie : Édimbourg. Ah, Édimbourg ! À chaque roman, l’auteur se plaît à dépeindre sa ville. Qui y est allé ne manque pas de reconnaître les rues, les lieux, les ambiances. Qui ne connaît pas la capitale écossaise n’a qu’une envie : la visiter. Rankin nous entraîne à la fois dans les hautes sphères et dans les bas-fonds, au rythme de la musique (omniprésente) et de l’alcool (qui coule à flots). Il décrit sa ville avec tendresse et justesse : complexe, peut-être un peu schizophrène, toujours sur le point de basculer ; elle est un personnage à part entière. Cette atmosphère unique, nous la retrouvons dans The Beat Goes On. En effet, comme une cerise sur le haggis, ce recueil de nouvelles inédites en France offre un bel aperçu de l’œuvre de Rankin. Au début, nous retrouvons Rebus en jeune inspecteur, apprenant encore les ficelles du métier. Et au fil de ces trente-quatre nouvelles regroupées par ordre chronologique, nous le voyons grandir, vieillir, souffrir et pourquoi pas, réussir. Pour les fanas de la série, c’est un beau cadeau et pour les autres, une magnifique entrée dans un univers d’une grande richesse. Car en lisant Rankin, c’est un monde qui s’offre au lecteur. Alors, profitons-en ! Et Sláinte !