Créatures

Nous suivons Evie, jeune femme heureuse, la veille de son mariage, sur une petite île au large de la côte ouest américaine. Un îlot de paradis où de riches Américains possèdent des maisons de vacances grand luxe, véritable paysage de carte postale si l'on fait abstraction des tempêtes, des tsunamis et d'une réalité sociale marquée par une extrême pauvreté. Mais il est surtout question d'individualité, de la difficulté de trouver sa place au sein de l'île ou de la cellule familiale. Comment se construire entre un père qui a de l’amour à revendre, même s’il ne sait que trop peu le montrer et encore moins le définir, et une mère absente, égocentrique, qui prend tout l'espace les rares fois où elle fait son apparition ? Evie a donc grandi avec un père alcoolique, dealer de cocaïne et d'herbe très prisée, insouciant, vivant au rythme des fêtes, des coups durs, dans des maisons de luxe, des bateaux, des squats ou sous une simple toile de tente. Un personnage apprécié de tous et toutes, usant de son charme pour trouver du travail, un toit, sans se remettre en question. C'est l'aventure mais aussi la dépression, des blessures que la narratrice doit analyser pour se reconstruire après cette enfance et adolescence décousue. La peur de l'abandon est présente, renforcée par l'absence de son futur mari parti en mer et qui tarde à rentrer. Ces aléas sont symbolisés par le climat capricieux de l'île, ses nombreux recoins mystérieux auréolés de magie, de beauté sauvage, et ses tempêtes brutales qui peuvent tout effacer. Crissy Van Meter livre ici un récit qui nous embarque dans un tourbillon d'émotions, d'une justesse rare, au rythme hypnotique.