Littérature étrangère

Mark SaFranko

Confessions d'un loser

MB

✒ Margot Bonvallet

(Librairie Passages, Lyon)

Mark SaFranko est un écrivain, acteur, chanteur et compositeur américain, devenu culte dans les années 2000 avec son goût immodéré pour la prise de risques et son écriture nerveuse et racée. « Mark SaFranko préfère écrire plutôt que respirer. » Dan Fante.

Voici donc ses romans iconiques enfin réunis pour le plus grand bonheur des amateurs de contre-littérature impertinente et sans filtres, d’anti-héros. Pour tous ceux à qui Bukowski, Fante (père et fils) ou encore Henry Miller ont toujours su parler et pour tous ceux qui ont la chance de ne pas encore avoir découvert cet auteur ! Héritier de la Beat Generation, Max Zajack (héros et alter ego de Mark SaFranko) nous dévoile son enfance chaotique dans Dieu bénisse l’Amérique, son amour obsessionnel et sulfureux dans Putain d’Olivia, sa vie d’écrivain underground dans Confessions d’un loser et ses petits boulots, ses rêves de gloire, sa soif de sexe et sa rage d’écrire dans Travaux forcés. Un régal, oral, brutal, réel. L’auteur puise ses histoires aux profondeurs de sa propre existence pour donner un souffle brut et puissant à sa prose et quelques claques à ses lecteurs. Son écriture organique et lucide nous fait plonger au plus profond de l’âme tout en subtilité, nous ouvrant une panoplie de prises de conscience, de satires au vitriol de la société américaine et de réflexions existentielles. Évidemment, on se laisse aussi porter par les citations en épigraphe tant elles annoncent de sauvages retrouvailles avec le plus beau, le plus trash, le plus intense miroir de soi, enfin sans filtres. Ces romans sont un nuancier brillant de la noirceur, de l'illusion et de la dépravation qui se cachent sous l'éclat illusoire de la société et du rêve américains. Ces Confessions d’un loser ne sont pas un volume de la Pléiade mais, dans un monde alternatif, elles le mériteraient, surtout avec l’actualité états-unienne. Comme un réveil nécessaire car nous pouvons peut-être tous et toutes nous identifier à Max Zajack pour voir en lui nos bons et nos mauvais côtés, et surtout rester alertes face aux pertes de sens devant à la réalité. Ce « dirty realism» fait définitivement acte de résistance !

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