Lorraine brûle

Voici une mosaïque de souvenirs changeants qui porte l’empreinte du temps, à la fois pleine d’âcreté, de tendresse et de volupté. La narratrice se livre à nous sans fard : pleine de désirs et d’ennui, elle navigue entre la sueur et la fureur, dans les milieux interlopes de Metz. Chaque chapitre porte une thématique ou un moment particuliers – le travail, les failles de la société, la musique, une grand-mère centenaire, une cité ouvrière, un fils tant aimé, des voyages nécessaires, des clubs underground, les peines et les plaisirs entre amis anarchistes ou queers – et s'achève immanquablement dans un bassin lorrain, l’eau revenant sans cesse comme un moyen d’apaiser ses états d’âme. Cette immersion dans les eaux de la mémoire porte la narratrice vers l'illusion d'être enfin insubmersible et donne un texte infiniment touchant, désenchanté mais pourtant plein d’espoir via cette écriture lancinante, charpentée qui sait décortiquer les cœurs, les âmes et les interactions avec beaucoup de clarté.