Littérature française

Bernard Ollivier

Aventures en Loire

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photo libraire

Chronique de Caroline Clément

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Dix ans après le succès de son Éloge de la marche paru aux 
éditions Métailié, David Le Breton nous entraîne dans un paysage 
en pleine évolution, où la marche est désormais reine. 
Petit pas de conduite en compagnie de son dernier livre, Marcher, 
Éloge des chemins et de la lenteur.



Plus qu’un éloge, voici au moins un hymne. La marche, sous toutes ses formes, depuis ses plus menus aspects et dans toute son ampleur, est ici mise sur un piédestal. Dix ans après son premier Éloge de la marche, David Le Breton, l’écrivain, le professeur de sociologie, revient sur ses pas. Et c’est un vrai bonheur de faire le point avec lui sur l’évolution de l’univers pédestre, de ses pratiques, des engouements toujours plus forts qu’il provoque. Lire l’Éloge des chemins et de la lenteur, c’est cheminer de nouveau à ses côtés et aux côtés des hommes et des femmes qui ont inspiré ses mots. On entend ici Julien Gracq, Victor Segalen ou John Muir ; là, Hermann Hesse, Alexandra David-Neel et Simone Jacquemard, sans oublier Nicolas Bouvier, Roger Caillois, Jacques Lacarrière et tant d’autres, toutes époques et toutes latitudes confondues, pour rappeler quel point d’ancrage dans l’existence la marche représente. Faut-il aimer la vie pour s’arrêter, cent cinquante pages durant, sur ce mouvement du corps aussi naturel qu’essentiel ! « La marche est d’abord l’évidence du monde, elle s’inscrit dans le fil des mouvements du quotidien comme un acte naturel et transparent. » Cette marche qui « procure une distance propice avec le monde, une disponibilité à l’instant, plonge dans un état diffus de méditation, sollicite une pleine sensorialité ». Elle comporte ses parts d’ombre, et ces dernières ne sont pas occultées, mais aussi ses vertus rendues lumineuses, rayonnantes, incandescentes. Comment, après David Le Breton, traduire en des termes plus fins, plus riches, plus nuancés, plus poétiques et authentiques, plus amoureux même, ce qu’est la marche ? Peut-être en relisant les récits des voyageurs eux-mêmes – on pense à Bernard Ollivier et à ses Aventures en Loire : mille kilomètres à pied et en canoë, rééditées en poche par Phébus. Peut-être en cédant soi-même à l’appel du dehors, happé par le désir de l’expérience, par l’appel d’une possible renaissance.

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