Littérature française

Hubert Mingarelli

L’Homme qui avait soif

photo libraire

Chronique de Olivier Badoy

Librairie des Cordeliers (Romans-sur-Isère)

Lire un roman d’Hubert Mingarelli, c’est avoir la certitude de ne pas être déçu. Un plaisir brut taillé par des mots aptes à aiguiser les sens.

Voici l’histoire d’Hisao l’assoiffé. Terré dans les montagnes japonaises avec son ami Takeshi afin de se protéger des bombardements américains, le soldat souffre affreusement de la soif. Il continuera à en éprouver le manque sa vie durant. Au sein de la montagne, les deux hommes se croyaient « protégés des ombres ». Pourtant, la poussière et l’obscurité auront raison d’eux. Takeschi y laissera la vie. Pour Hisao, il s’agira de fuir les ténèbres, de retrouver la lumière, la vie, les autres. Démobilisé, mais hanté par la figure de son double, il part rejoindre sa future épouse – qu’il ne connaît pas encore –, avec pour tout bagage un œuf de jade en guise de cadeau de mariage. Mais le train s’arrête et le goutte à goutte d’un robinet extérieur le force à obéir à la soif qui le domine. Et Hisao court derrière le train reparti sans l’attendre ; il court derrière une promesse et au-devant des cauchemars qui l’oppressent. De gares en rencontres, il touchera au but sans parvenir à conjurer ses traumatismes. Le thème est grave, mais le texte est à la fois léger et puissant, poétique et joyeux. Hubert Mingarelli habite si bien ses personnages qu’il ne lui faut pas plus de trois mots pour les décrire le plus précisément du monde.

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