Littérature étrangère

Lluis Llach

Les Femmes de la Principal

illustration
photo libraire

Chronique de Anne Lesobre

Librairie Entre les lignes (Chantilly)

En 1936, un cadavre est retrouvé dans un sac, à la porte de la Principal. L’enquête, interrompue par la guerre, reprend à la fin de celle-ci, révélant les personnalités singulières des femmes de la propriété.

Maria a tout juste 20 ans quand son père et ses frères l’abandonnent à la Principal, domaine viticole du village de Pous isolé au fond d’une vallée castillane, en passe d’être ruiné par le phylloxéra. Mais quand elle hérite de la propriété, des vignes, des celliers et de nombreux biens à la mort brutale de son père, ses frères sont furieux. Contrairement à toute attente, elle prend son destin en main et travaillant sans répit, elle réussit à faire prospérer le domaine. Malgré son âge, on la surnomme la Vieille. Elle est la première d’une lignée de femmes audacieuses et tenaces, défiant les convenances et l’hypocrisie dans une Espagne rétrograde où la femme ne compte pas. Quand elle tombe amoureuse de Narcis Magi, c’est la musique et la fantaisie qui rentrent à la maison, jusqu’à sa mort. Là, Maria se durcit, adoptant les idées de la phalange espagnole réactionnaires et dangereuses. Quand sa fille Maria Magi reprend à son tour l’administration de la propriété, les temps ont changé, le pays est devenu franquiste et il ne fait pas bon ignorer l’Église. Surtout quand on découvre le corps sans vie du contremaître devant la porte de la maison. L’enquête, qui est relancée après la guerre civile permet de mettre au jour des secrets de famille inavouables. L’histoire est racontée à travers les souvenirs d’Ursula, la vieille domestique dévouée et la confession de Llorenc, le fils de la cuisinière et accessoirement le compagnon de Maria Magi. Lue par Maria, la fille de Llorenc, cet aveu éclaire peu à peu la vie de ces générations de femmes (et d’hommes), leurs aspirations et leurs luttes pour garder leurs privilèges. Malgré tout, leur position sociale et leur richesse leur donnent tous les droits. Exceptionnelles, indépendantes, parfois dangereuses, rien ne compte plus pour elles que leurs vignes et leurs terres.