Littérature étrangère

Tommi Kinnunen

Là où se croisent quatre chemins

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photo libraire

Chronique de Anne Lesobre

Librairie Entre les lignes (Chantilly)

Un village perdu de Finlande, trois générations de femmes du XXe siècle sur lesquelles le temps laisse sa trace, sans pitié. En toile de fond, un pays déchiré par les guerres entre la Suède et la Russie.

Le roman se déroule sur un siècle, où Maria, Lahja et Kaarina façonnent chacune à leur tour les pièces d’un puzzle pour constituer une saga familiale qui débute en 1895. Maria est alors une toute jeune sage-femme qui peine à se faire reconnaître dans ces contrées lointaines et glaciales de Finlande. Elle n’a aucun mal à se passer du père de sa fille, qu’elle élève seule, revendiquant farouchement son indépendance. « Si un homme qui n’a pas fait d’études sait s’en servir, pourquoi une femme qui en a fait ne le saurait-elle pas ? », rétorque-t-elle à l’homme qui lui vend une bicyclette. Aux difficultés d’une vie traversée par les épreuves, s’ajoute celle d’être une femme libre et athée. Puis elle n’a de cesse d’aménager sa maison, ajoutant des pièces d’un côté puis de l’autre à mesure que la famille s’agrandit. Lahja, sa fille, est tout aussi insoumise, mais souffre du regard désapprobateur des villageois et peine à trouver du travail. Bientôt, elle est enceinte. À l’inverse de sa mère, elle rêve de se fondre dans la société et de fonder un foyer. C’est pour cela qu’elle épouse Onni. Il est la quatrième pièce du puzzle. Finalement, elle n’aimera pas ses enfants, ne se faisant pas à leur compagnie, et finira par se disputer avec son mari qu’elle soupçonne d’infidélité. Onni est un homme taciturne depuis qu’il est revenu de la guerre, et porte en lui un secret bien lourd pour la société finlandaise si rigide des années 1950. C’est Kaarina, la belle-fille de Lahja, qui mettra au jour le « terrible » secret qui l’éloigne de sa femme. En rangeant la maison, elle trouve des lettres anciennes qui éclairent la personnalité d’Onni. Dans cette histoire intime, au milieu de ces femmes, le portrait d’Onni n’est pas le moins bouleversant.