La Syrie promise

Depuis trois ans, la Syrie offre le spectacle désolant d’un déferlement de violence qui semble sans issue pacifique possible. Le politologue libanais Ziad Majed apporte une utile contribution pour comprendre les causes profondes du soulèvement de mars 2011. Par réflexe, on situe la « révolution » syrienne dans le contexte plus général du « printemps arabe ». Mais Ziad Majed évoque d’emblée l’« exception syrienne », remonte le fil de l’histoire du pays et décrit les circonstances de l’édification du régime dictatorial de Hafez el-Assad en 1970. On assiste à la fabrication d’un système despotique, nourri par la corruption et les allégeances au régime, sous le règne de la terreur. Cette chronologie des événements est indispensable pour comprendre la situation actuelle. De cette analyse qui emprunte à la sociologie, on retiendra le rôle géopolitique central qu’occupe la Syrie, cette visibilité lui ayant longtemps permis de dissimuler à la communauté internationale sa politique intérieure répressive. Si Majed adopte le recul du chercheur, Hala Kodmani, quant à elle, propose un point de vue plus intime sur le conflit qui oppose le régime d’Assad et le peuple syrien. Elle imagine un échange de courriels avec son père, récemment décédé, militant nationaliste arabe convaincu et figure importante de l’intelligentsia syrienne en exil. Les événements, d’abord encourageants avant de verser dans la tragédie, qui se déroulent dans son pays d’origine, redonnent à la journaliste le goût du combat pour la dignité de son peuple. Ces deux essais témoignent de la vitalité du peuple syrien. L’opinion était tellement verrouillée que la révolte a surpris ses propres acteurs, offrant au monde entier une leçon de courage infini.