Il existe d’autres mondes

Dans ce nouvel essai consacré à l’application de la théorie des univers parallèles dans le domaine de l’histoire littéraire, Pierre Bayard poursuit une œuvre menée depuis une vingtaine d’années. C’est sans doute la double activité de l’auteur, professeur de littérature et psychanalyste, qui lui permet de mener cette investigation. Ainsi, c’est non sans humour qu’il nous confie, pour introduire et conclure son sujet, ses propres « biographies parallèles », c’est-à-dire les vies qu’il mène dans d’autres univers parallèles au nôtre : on entrevoit en quelques lignes un Pierre Bayard chef d’orchestre, star de cinéma et/ou enquêteur à Scotland Yard… En racontant ses autres vies, il se fonde sur le travail d’écrivains tels que Dostoïevski, Nabokov ou encore Kafka, qui ont dû, comme lui, ressentir des échos d’un autre univers, éprouver des sentiments de déjà-vu ou d’altérité pour écrire leurs romans. Les personnalités sont multiples et se déclinent à l’infini. Ainsi, penser Dostoïevski comme parricide dans une autre vie éclaire différemment son œuvre. Remontant aux sources de l’histoire des univers parallèles (dont on retiendra surtout l’expérience du chat de Schrödinger en 1935 et les théories des quantas), Bayard dresse une topologie des univers parallèles et explique comment ces découvertes ont imprégné la littérature et le cinéma. On se plaît à bifurquer dans les couloirs de cette maison et à ouvrir avec l’auteur des fenêtres qui débouchent elles-mêmes sur d’autres fenêtres, etc. En esquissant un modèle de lecture qui tient compte de cette histoire transversale des univers parallèles, il élargit le champ des possibles et invite à une approche plus complexe du monde qui nous entoure… et de tous les autres univers, intérieurs et extérieurs, que l’on peut concevoir.