Littérature française
Bérénice Pichat
La Petite Bonne
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Bérénice Pichat
La Petite Bonne
Les Avrils
21/08/2024
272 pages, 21,10 €
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Chronique de
Fabienne Boidot-Forget
Librairie Le Bruit des Mots (La Flèche) - ❤ Lu et conseillé par 22 libraire(s)
✒ Fabienne Boidot-Forget
(Librairie Le Bruit des Mots, La Flèche)
Attention, texte littéraire hors normes ! Bérénice Pichat, professeure des écoles au Havre, signe un roman d’une grande beauté, composé en partie en vers libres, qui résonne longtemps après que l’on en a tourné la dernière page.
Dans les années 1930, une petite bonne est engagée par un couple bourgeois. Blaise était pianiste avant la guerre d’où il est revenu mutilé. Alexandrine s’est transformée en infirmière. L’arrivée de cette petite bonne devrait lui permettre de s’évader un peu de son quotidien. Mais le mari semble avoir un autre projet. La grande originalité de ce roman est certainement sa construction : trois protagonistes avec chacun sa voix et notamment celle de la petite bonne, entièrement en vers libres. Avec des mots simples, Bérénice Pichat tresse un récit d’une incroyable densité et fabuleuse humanité. Elle nous raconte la guerre, ses atrocités, la vie des appelés dans les tranchées. Blaise a été blessé lors de la bataille de la Somme. Il a été sauvé mais à quel prix : une gueule cassée et les quatre membres amputés. Il ne vit désormais que muré dans sa solitude et sa douleur, caché dans sa maison, avec la seule compagnie de ses souvenirs et la mémoire de sa vie amoureuse avec Alexandrine. Alexandrine, qui avait tant espéré et prié pour le retour de son soldat et qui, depuis, ne démérite pas, fait preuve d’une totale abnégation, se consacre entièrement à Blaise. Enfin, au-dessus de ce récit, comme une ligne mélodique, vient se greffer la voix de la petite bonne qui raconte les relations entre maîtres et serviteurs. Une voix poignante de vérité et de simplicité qui dit la dureté de la vie de domestique, de femme toujours au service des autres, patrons mais aussi mari. Une existence faite de renoncements, de chagrins, d’oubli de soi jusqu’à cette fabuleuse découverte de la musique qui vient renverser le cours de l’histoire. « Il faut avec les mots de tout le monde raconter comme personne », écrivait Colette. Bérénice Pichat réussit ici cet exploit. La Petite Bonne fait déjà partie des romans inoubliables.