Littérature française

Éric Faye

Il suffit de traverser la rue

photo libraire

Chronique de Véronique Fouché

Librairie Plaisir de lire (Plaisir)

Aurélien Babel, journaliste de presse au nom évocateur, quitte son journal, en catimini et pour toujours. Il n’a pas envie de fêter ça avec ses collègues. A-t-il honte ? Est-il triste ? Est-il en colère ? Oui, oui et oui ! Dans ce roman-manifeste, par l'intermédiaire d'Aurélien Babel, Éric Faye décortique rageusement la machine à broyer l'ego et l'empathie mise en œuvre par la société occidentale mondialisée contemporaine. Il donne à voir la propension des salariés à vivre « dos tourné à l'avenir », recroquevillés, indifférents et lâches. Pourtant notre narrateur, entre deux confessions pas reluisantes, nous touche, nous fait sourire et emporte toute notre sympathie. « Si tu regardes longtemps dans l'abîme, l'abîme regarde en toi. » Chacun, en observant les tribulations professionnelles d'Aurélien Babel, se regardera. Pas sûr que ce miroir soit très flatteur, certain qu'il est nécessaire. Un grand texte à lire et faire lire pour changer le monde !

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